Les relous du télétravail
Tu les connais, ces gens qui rendent le télétravail pénible, tu bosses avec, certains de tes collègues ou des tes chefs. On va passer en revue dans cet article un florilège des mauvaises habitudes qui te saoulent quand tu essaies de bosser de manière efficace en télétravail.
Le chef qui organise une réunion de deux heures avec 12 personnes
Donc tous les lundis matins, ton n+2 réunit douze personnes dans sa réunion “strategy weekly meeting” et déjà rien qu’au titre tu sais que ça va être long et chiant.
Tu ne sais pas pourquoi, mais il veut que tout le monde allume sa caméra. Sûrement pour vérifier la couleur de ta chemise ou de ton pyjama. Non en fait il est pas bête, il a compris qu’au bout de dix minutes tout le monde va faire autre chose. Alors ça le rassure de pas voir une chaise vide en vision-conférence.
Car il va parler deux heures de suite. 2-heures-complètes. Oui, il va faire semblant de te demander ton avis une fois dans la réunion, mais sinon pendant deux heures il va parler tout seul et tu vas prendre cher ! Bien sûr il s’excuse toutes les 30 minutes de trop parler (mais il continue).
Alors, t’as essayé de lui expliquer une fois en one-to-one, mais bon, apparemment ça l’intéresse pas. Et maintenant il te déteste parce que t’es pas un team player. Traître, va.
Le collègue qui t’embarque dans des réunions improvisées 10 fois par jour
C’est ce collègue – gentil au demeurant – mais qui, pour une raison incompréhensible, tient à t’embarquer dans dix réunions par jour dans lesquelles tu ne sers à rien. Littéralement.
Il a peut-être besoin d’être écouté, sûrement d’ailleurs vu le nombre de personnes présentes dans ses réunions à chaque fois. Jamais moins de 10 personnes, plus on est de fous…
En général ça se passe comme ça : t’es là tranquille dans ta journée, posé, tu bosses sur un sujet de fond, puis paf ! tu vois une notification comme quoi tu as été ajouté à un canal de discussion qui porte un nom cryptique genre “PROD MACHIN URGENT “. Au final c’est pas de la prod, c’est pas urgent, c’est pas le projet MACHIN, ça a déjà été analysé 20 fois et c’est tracé dans un ticket problème. Mais lui n’est pas au courant ou essaie de relancer le sujet parce qu’il a reçu un e-mail à ce sujet.
Tu te fais avoir les premières fois, puis tu identifies le bonhomme, ensuite tu joues le mort et tu mutes le canal ou tu le quittes dès que ça se calme.
En dehors de ça quand tu lui parles en direct, tu as essayé de lui dire que ce serait bien qu’il se renseigne un peu avant de faire une réunion de crise quand il n’y a pas de crise, qu’il réduise aussi le nombre de personnes présentes dans ses réunions en n’incluant que celles strictement indispensables, que tu peux régler beaucoup de problèmes avec la personne en direct.. Mais non, il préfère faire perdre du temps à dix personnes à chaque fois. Et en général personne n’écrit de compte-rendu… puisque personne ne suit vraiment ses réunions.
Le chef de projets qui fait des points hebdomadaires tout le temps
Autre nuisance critique : le chef de projets qui fait des points hebdomadaires sur tous les projets qu’il suit. Mais tellement qu’à la fin tu n’as plus de plage pour travailler, tout le temps en train de faire des points de situation dans lesquels il te demande si tu as avancé, mais comme tu es en point toute la semaine, tu n’avances sur rien en fait.
Selon lui il a une bonne raison : chaque semaine on lui demande comment les projets qu’il supervise ont avancé. Donc ben lui il te colle un point hebdo. Logique. Mais comme t’es sur 40 projets différents, ça finit par faire minimum 8 points par jour… quand il n’organise pas deux points hebdomadaires par semaine sur le même sujet. Dans le cadre d’une bonne pratique du télétravail, les points doivent être espacés et réduits en nombre. Beaucoup de problèmes peuvent se régler en direct entre collègues, il n’est pas nécessaire d’attendre un point dédié pour avancer sur un sujet.
Le chef qui veut qu’on le nourrisse parce qu’il fait pas son taf
Quand ton n+1 a rendez-vous avec ton n+2, en général t’as une réunion d’équipe juste avant où il va te lâcher la célèbre phrase : “bon, on en est où sur ce sujet ?”. Sauf qu’au final on les passe tous en revue.
En gros ça veut dire qu’il sait pas trop qui travaille sur quoi, et où on en est. Et bien sûr il va faire ça pour tous les projets “visibles”. Et donc faire perdre du temps à toute l’équipe car il a pas fait son taf avant, sachant que dans la plupart des entreprises t’as déjà une réunion journalière.
Si ça arrive une fois, ok pas de problème, mais de façon systématique ça dérange tout le monde pour quelque chose qui n’est pas nécessaire et pourrait, devrait être évitée. La responsabilisation individuelle du travail de chacun doit être encouragée pour une bonne pratique du télétravail.
Le collègue qui n’est jamais disponible
Dans la plupart des grosses boîtes qui découvrent le télétravail, tu as ce collègue, en général pas dans la même équipe – sinon c’est chaud pour toi – à qui tu poses de temps en temps une question et qui ne te répond pas. Ni aujourd’hui, ni demain. Mais vraiment il te zappe, jamais de retour. Et pas qu’une fois, c’est systématique. À côté de ça, quand t’as le grand chef qui pose une question, il répond en 10 minutes par un e-mail de 200 lignes.
Il peut aussi répondre “désolé je suis sous l’eau cette semaine, on peut planifier un point pour en parler ?”. Et bien sûr il répond jamais aux dates que tu lui proposes.
Un classique c’est aussi “tu peux voir avec machin ? c’est lui qui gère ce point” alors que tu sais très bien que c’est lui qui suit ça d’habitude.
Par contre au point projet, t’essaies quand même d’en savoir un peu plus, il répond aux questions triviales et si c’est trop compliqué il te propose un point en dehors de la réunion… qui ne se fera jamais, comme tu as deviné.
Dissimulation d’informations, refus de communiquer, un cas habituel d’adepte de la rétention d’informations qui doit être traité par le management, mais particulièrement nuisible pour une bonne pratique du télétravail.
Le chef de projet qui te colle des réunions parce que t’as de la place dans ton agenda
Ça c’est soûlant, mais à un point ! Ça me rend ouf. Le chef de projet sent qu’il faut organiser une réunion sur un sujet, mais comme il ne veut pas se casser le cul à te demander, il pose une réunion sans te consulter avant, parce qu’il a vu un créneau dans ton agenda.
Comme si, en fait, sur tout ton calendrier, t’étais en attente de choses à faire. Quelque part il pense que tu t’ennuies, là maintenant. Bien sûr, toi t’avais regardé ton agenda pour la journée, t’étais chaud, réunion la matinée et puis go, concentré tout le reste de la journée. Et bien non, raté.
C’est imparable, à moins de pré-réserver des créneaux dans ton agenda pour toute la semaine et les semaines à venir. Mais t’as pas que ça à faire d’imaginer en début de semaine les créneaux sur lesquels tu vas pouvoir bosser intensément. De plus tes priorités évoluent selon les besoins, en général.
La variante c’est quand un chef de projets te pose une réunion, apparemment impérative, qui entre en conflit avec des réunions pré-existantes parce que bon, c’est urgent hein (comme le reste en fait). Il regarde que dalle, il pose sa réunion.
Toi plus tard, tu vois deux notifications apparaître pour deux réunions… à la même heure. Merci, bien, organisation au top ! Et bien sûr en général, il te contacte en direct pour te demander pourquoi tu ne viens pas à sa réunion.
Le collègue qui détourne ta réunion
C’est un peu le complémentaire au collègue qui embarque 10 personnes dans sa réunion vu plus haut. Là ce collègue participe à la tienne qui est bien cadrée : nombre limité de personnes bien identifiées, rappel du problème en début de réunion, t’es à la prise de notes pour le compte-rendu, et là c’est à son tour de parler… et il part complètement dans une autre direction, en évoquant un problème qui n’a rien à voir mais qui lui pose problème à lui apparemment. En général ça provoque un gros blanc dans la conversation, tout le monde se dit “wtf” ?
Bon, le premier coup tu le recadres, normal, hého, c’est ta réu. Tes problèmes mon gars, on verra plus tard. Tu penses que c’est fini, il a compris, un dérapage comme diraient les journalistes. Mais quand il reprend la parole, pareil, la même ! Il repart à 180° sur un sujet qui n’a rien à voir. Suffit que quelqu’un lui réponde (le classique “ah oui moi aussi…”) et c’est parti pour 20 minutes à blablater sur un sujet qui n’a rien à voir et c’est mort, tu peux raccrocher, rien ne sortira de cette échange.
Le télétravail est une culture
Si tu es arrivé jusqu’ici, tu te dis que c’est facile de taper sur tout le monde, tu t’es peut-être identifié à l’un des personnages et tu te demandes comment faire autrement pour être plus efficace en télétravail. Déjà tu as lu l’article et tu as pris conscience d’un problème, c’est déjà ça. Merci à toi.
En fait j’en parle dans un autre article, le télétravail est une culture, très minoritaire dans le monde du travail jusqu’ici, dans laquelle beaucoup de professionnels sont entrés brusquement début 2020 par la force des choses.
Mais cette culture est là depuis beaucoup plus longtemps dans d’autres entreprises, qui connaissent par cœur les problèmes que tu rencontres aujourd’hui. Des bonnes pratiques existent. J’en aborde quelques-uns dans l’un de mes précédent articles.
Bien sûr il est impossible de changer tous les usages ayant cours dans une entreprise du jour au lendemain. Le recours massif au télétravail est récent, il est donc normal de ne pas encore l’appréhender complètement.
Mais force fait loi, l’entreprise évolue le plus souvent sous la contrainte (réglementaire, concurrentielle, etc) et aujourd’hui par des facteurs extérieurs comme cette crise sanitaire. Il est donc primordial de ne pas faire comme si rien ne s’était passé et de sauter dans le train en marche.
Puis si on peut se faciliter la vie entre collègues dans notre pratique quotidienne du télétravail, c’est bien aussi.
Il y a sûrement de nombreux autres comportements inopportuns que vous avez vécus en télétravaillant. N’hésitez pas à les évoquer en commentaire .
L’auteur
Carl Chenet, architecte de systèmes informatiques indépendant (en recherche de mission), 3 ans de télétravail régulier, entrepreneur.
Fondateur de l’agrégateur Le Journal du hacker, du site d’emploi LinuxJobs.fr et de la newsletter Le Courrier du hacker. Modérateur sur le Chantier, lieu virtuel (Discord, forum) d’échanges d’entrepreneurs francophones.
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