Apple, ARM et plateforme ouverte
Les nouveaux ordinateurs Apple basés sur le processeur M1 commencent à être testés par différents sites spécialisés en hardware. Le verdict est sans appel : c'est une claque de performance et efficacité sans précédent pour ses vénérables concurrents.
Une révolution ?
Est-ce l'avènement d'une nouvelle ère où nos smartphones et ordinateurs personnels utiliseront tous la même technologie ARM, que les smartphones utilisent depuis leurs débuts ?
Les smartphones ont envahi notre monde. Ils sont partout, et nécessaires pour de plus en plus d'opérations : validation d'opérations bancaires, paiements, tickets de transport, services de transport urbain, etc.
C'est une révolution encore plus forte que celle de l'ordinateur personnel, qui a généralisé l'accès à l'informatique et à Internet.
L'histoire bégaie
Il y a pourtant une différence majeure avec les ordinateurs personnels.
Au début de ceux-ci, de nombreux fabricants étaient en compétition, comme Amiga, Apple et Atari, avec des architectures et systèmes différents. Il n'y avait que peu d'interopérabilité entre les différents ordinateurs disponibles. Puis a emergé la plateforme PC, qui devint rapidement un standard de facto.
La grosse force de cette plateforme est son ouverture. Un système fonctionnant sur PC peut fonctionner sur tous les ordinateurs compatibles PC. La majorité des ordinateurs sont compatibles PC à l'exception notable des machines Apple.
Cela a permis le succès de Windows puis Linux. D'autres systèmes compatibles PC pourtant moins répandus peuvent ainsi fonctionner sur de nombreux ordinateurs, comme les différents Unix et BSD.
Un monde fermé
Le monde ARM est très différent, car il n'y a pas de plateforme définie. Il est très difficile voire impossible de faire fonctionner le système d'un iPhone sur un téléphone Android, et vice-versa. Il est de même très difficile de faire fonctionner le système d'un téléphone Samsung sur un téléphone d'une autre marque.
C'est une grande difficulté pour créer des systèmes alternatifs fonctionnant sur des smartphones. Il existe des projets comme LineageOS proposant des systèmes Android alternatifs pouvant remplacer celui fourni par le constructeur, mais ils nécessitent un important travail de portage pour chaque téléphone.
De même il existe des initiatives telles que postmarketOS permettant de faire fonctionner un vrai système Linux sur son smartphone, mais de grandes difficultés de portage ne permettent de le faire que sur une liste réduite de téléphones pour lesquels un long travail a été nécessaire.
Pour un futur verrouillé ?
Apple avec ses Macbook s'est engagé dans la même voie, fournissant matériel et logiciel dans une plateforme liée. Installer un autre système sur un Macbook récent est possible, mais requiert beaucoup d'efforts.
Ses Iphones sont complètements verrouillés. Impossible d'y installer un autre système. Impossible d'y installer des applications non autorisées par Apple. Apple va-t-il profiter du passage à ARM sur ses Macbook pour y imposer les mêmes contraintes ?
S'il le fait, échangerons-nous de meilleures performances contre la liberté de choisir ses logiciels ? Le modèle du smartphone fermé finira-t-il par vaincre celui du PC ouvert ?
Laisserons-nous des systèmes complètement fermés être des outils indispensables à nos vies ?