Le micromanagement
Aujourd’hui on va parler de micromanagement et surtout du manager qui pratique le micromanagement. On va l’appeler le micromanager. Tu l’as sûrement déjà croisé dans ta vie professionnelle, celui qui passe ses journées sur ton dos et ceux de tes collègues, à dire comment chacun doit faire son boulot – alors que t’as 10 ans d’ancienneté dans ta spécialité – et qui s’étonne au final que les projets avancent pas et que les gens ne prennent pas d’initiative.
Je préfère qu’on fasse comme ça
Dans une approche top-bottom classique, le micromanager a raison. Il a la vision. Ok, pourquoi pas ? Chaque boîte a ses spécificités, il faut avant tout répondre aux besoins de la boîte. Fair enough, je pense que n’importe quel informaticien avec quelques expériences en a conscience.
L’expérience de chacun
Maintenant, on est des professionnels. On a déjà mené à bien des tonnes de projets. Donc à priori on va faire en gros comme d’habitude et mener à bien le projet, en autonomie sur les points qu’on gère et en équipe pour se synchroniser et construire un système qui marche. On a de la bouteille, on en a vu passer des projets.
Oui mais non. Pas avec le micromanager. Parce que là, tu devrais pas faire ça comme ça, en fait. Parce que ça n’est pas le résultat qui compte, c’est le chemin vers le résultat, même si à la fin ça fait la même chose. Même si ça coûte 1 ou 2 jours en plus de reprendre tout comme il veut à chaque fois, pour quasiment le même résultat. D’ailleurs, tant qu’il n’aura pas relu personnellement ton travail, il ne sera pas validé. L’intégration continue, c’est lui.
Et les ennuis commencent
Le micromanager a toujours raison. D’ailleurs la preuve, en réunion, personne ne le contredit (ou si peu). Il parle souvent des heures, quasiment tout seul.
Le problème, c’est qu’il n’y a que lui qui le sait. Vraiment. Il faudrait lui dire, mais ceux qui l’ont fait bizarrement ne sont pas restés longtemps. Non, il ne les a pas virés, ils sont partis d’eux-mêmes. Pas fous, ils savent que c’est mort pour ce projet.
Le mec en soirée qui a toujours raison
Parce que, habituellement, dans la vie, le mec qui a toujours raison en soirée, tu l’écoutes 2 minutes si t’es poli puis tu t’éloignes vers quelqu’un avec qui tu peux discuter. Et c’est pareil dans la tech, entre professionnels expérimentés. Sauf quand c’est ton boss. Là, c’est chiant.
Quand un mec te dit qu’il faut faire un projet de telle manière, et que toi t’as déjà fait 30 ou 40 projets et que tu sais très bien comment faire, tu piges très vite quelles sont ses priorités et tu vas les appliquer.
Mais avec le micromanager, tu vas jamais pouvoir les appliquer, parce qu’il n’y a que lui qui fait bien et qui sait comment bien faire. Et bien sûr c’est irréalisable. Et pas faire comme lui, c’est s’exposer à “un risque” ou “mal faire” ou c’est “moins performant”.
Perte d’autonomie
Avec le micromanager, ta belle expérience de 10 ans ne sert à rien en fait. Il suffit de penser comme lui. Et comme tu n’y arrives pas, évidemment tu n’as plus envie de rien faire.
Donc on fait le minimum et on se met à attendre le prochain retour du micromanager, et avancer jusqu’au prochain point où on devra de nouveau attendre le micromanager. De toute façon tu sais que tu vas devoir tout reprendre. Il n’y a pas de specs, pas de cahiers de recette. Tout est dans sa tête. Perte d’autonomie complète, perte d’initiative.
Ben alors ? Vous pourriez le faire vous-même !
Bien sûr de temps en temps le micromanager ne va pas comprendre pourquoi sa belle équipe remplie de seniors ne produit pas ce qu’il veut, même approximativement.
Il a déjà pourtant expliqué maintes et maintes fois ce qu’il faut faire. C’est fou que les gens ne comprennent pas ce qu’il veut alors qu’il suffit de l’écouter. Bon ok il n’y a pas de specs, pas de cahiers de recette, pas de documentation, il n’a pas eu le temps de l’écrire. Ça change tout le temps (au gré de ses idées en fait). Ou elle est illisible. Et de toute façon ils ne vont pas comprendre, donc ça sert à rien la doc (ou si peu).
Tous ces “ingénieurs” qui ne comprennent rien, franchement, il manque d’autonomie, de prise d’initiative.
Donc chaque jour le micromanager prend le clavier des mains de ses subordonnés si besoin (en fait à chaque fois). En leur ré-expliquant pour la énième fois que le formatage du code c’est super important (même si le projet a 6 mois de retard), que vraiment c’est mieux de faire ça pour des raisons de sécurité (même si l’infra n’existe pas encore), que c’est pas la bonne pratique de faire comme ça (alors que le programme fait ce qui est attendu).
Puis bon, quelque part pour lui, qu’ils ne comprennent rien, c’est flatteur. C’est lui le meilleur, le plus intelligent, le plus indispensable. On change les petits bras mais le micromanager demeure (enfin pour l’instant).
Bon il y a quand même quelque chose qui le stresse un peu, c’est la deadline qui s’approche et il a encore rien sorti. Ça l’embête un peu. Il sait qu’il est entouré de nuls, mais bon quand même, ils sont beaucoup (parce qu’évidemment il a besoin de plein de bras pour son projet vu que tu en as plein qui sautent du train).
La peur de délivrer
En fait, au fond, le micromanager, il aimerait sortir le projet tout seul, par lui-même. Le “hic” c’est que si on lui a confié une équipe, c’est qu’à priori il y a besoin d’être plusieurs pour aller au bout du projet dans les délais. Mais lui ça le stresse grave. Il supporte pas de sortir un produit qui n’est pas parfait. Ou plutôt il prend comme excuse que ça ne sera jamais parfait pour ne pas sortir son produit. Un cas classique en somme. Mais il le saurait s’il avait lu (et compris) un bouquin de gestion de projet.
Et comme la deadline approche, qu’il l’a déjà reportée trois fois et qu’il ne veut pas se faire virer, il va devoir de toute façon baisser ses prétentions à la qualité au final. Le projet parfait, ça n’existe pas. Et s’il ne délivre pas quelque chose au final, c’est quelqu’un d’autre que lui qui prendra la direction du projet, pour le plus grand soulagement de ses subordonnés.
Sic transit gloria mundi.
Comment gérer le micromanager ?
Vous êtes au-dessus de lui hiérarchiquement ? Non ? Hé bien une seule solution.
Les carrières sont courtes, pas le temps de se faire infantiliser, d’autres missions vous offriront davantage d’autonomie et d’indépendance (en fait, presque toutes). Fuyez.
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