Enfuse/Enblend et le traitement d'images HDR pour tous
Je vais ici vous parler de ma toute dernière découverte, un logiciel nommé Enfuse pour produire des images HDR en deux temps trois mouvements. Enfuse utilise l’algorithme de fusion d’exposition «Mertens-Kautz-Van Reeth». Avant de commencer ce billet, je vous mets l’eau à la bouche avec une photo que je viens de prendre il y a quelques minutes.
Photo «normale» telle que prise par la caméra:
La même photo, mais fusionnée avec Enfuse et son algorithme Mertens-Kautz-Van Reeth:
Je n’ai pas un appareil DSLR. C’est juste ma “vieille” Konica Minolta DiMage Z5, prenant des images en JPEG.
Introduction au HDR
Les images HDR (High Dynamic Range) sont typiquement des images compositées à l’aide de plusieurs photographies prises à divers niveaux d’exposition. En gros, le HDR vous permet de
- produire des photos se rapprochant beaucoup plus de ce que nos yeux perçoivent (allez savoir comment nos yeux peuvent faire du HDR processing en temps réel, ça me fascine).
- compenser des objets beaucoup trop lumineux ou trop sombres
- révéler plus de détails dans une photographie
- prendre des photos de nuit ou d’intérieur décentes
- conserver le bleu profond du ciel
- combattre l’injustice du contrejour
- suivre votre règle de vie de ne jamais utiliser de flash
- réduire le bruit dans l’image (du moins c’est un bonus que j’ai constaté avec Enfuse)
- parfois, avoir des couleurs plus vivantes
- sauver le monde
Tout ça en même temps.
Le principe est simple: en ayant plusieurs expositions de la même image et en fusionnant les portions “bien exposées” de chacune, on obtient une image “HDR” qui contient, comme le nom l’indique, un “high dynamic range”, c’est-à-dire une image avec une “grande gamme” de tons/luminosité/chatons. En somme, on préserve le meilleur de chaque coin de l’image.
T’as qu’à t’acheter un appareil reflex numérique et prendre des photos en RAW, non?
Non. Il semble y avoir une confusion quant à ce qu’est le RAW. Le RAW ne fait que vous donner une image non compressée “directement des senseurs”. Le RAW ne pourra jamais compenser une photo mal exposée. Le RAW ne peut pas faire magiquement apparaître des détails qui n’existent simplement pas dans une photo.
- interlocuteur: est-ce que ta caméra fait du RAW? c’est tellement moins de trouble pour avoir accès à plusieurs expositions
- moi: ben, raw a rien à voir?
- interlocuteur: c’est qu’au lieu que de devoir prendre plusieurs poses à différentes expos, t’as qu’à en prendre une et, sur l’ordinateur, varier l’Exposition
- moi: je pense pas que ça marche comme ça honnêtement
- interlocuteur: je le fais
- moi: jpourrais aussi le faire sur mes jpeg cheap, ça veut pas dire que c’est de la vraie exposition; tu fais pas varier le montant de lumière que ton capteur reçoit. je vois pas comment tu peux faire, si ton truc est overexposed, il est overexposed, raw ou pas. Si t’as trop de lumière et que tout est blanc, le raw va pas t’aider, me semble.
- interlocuteur: si ta photo est terriblement ratée, évidemment que ça ne suffira pas, mais ça donne une marge de manoeuvre si la photo est un peu sur ou sous-exposée
- moi: haha, mais là je passais de 4 secondes d’exposition à 1/15 c’est pas du un peu. Sans prendre plusieurs expositions, je vois pas comment prendre des photos comme celle-ci et celle-là.
- interlocuteur: ouais, évidemment ça tombe dans un cas d’extrêmes d’expositions
moi: pas si extrême que ça. N’importe quel shot dans laquelle y’a le ciel
Enfuse: comment ne pas s’exploser la tête
Donc, tout ça pour en venir au fait que j’ai récemment découvert Enfuse (faisant partie de Enblend), grâce à Linux.com. Je vous recommande hautement la lecture de cet article sur Linux.com, parce qu’ils expliquent de façon convaincante en quoi Enfuse est différent des autres méthodes de traitement HDR normalement fastidieuses et hors d’atteinte des amateurs.
En somme, tout ce que je fais maintenant c’est prendre des photos à ±2 EV (deux f-stops de compensation d’exposition sur ma caméra), et dire à enfuse “fusionne-moi toutes ces images”, comme ceci: enfuse touteslesimages -o sortie. Par exemple:
enfuse PICT*.JPG -o pizza.jpg
Et hop, au bout de quelques secondes j’ai une image correcte qui sort; 12.1 secondes au lieu de fignoler une heure avec des techniques de professionnels.
Ça ne marche pas dans tous les cas (y’a quelques occasions dans mes photos de test où le résultat n’était pas meilleur que la photo prise par la caméra automatiquement), mais souvent ça donne des trucs beaucoup plus détaillés, balancés, et avec moins de bruit. Le seul hic, c’est les objets qui bougent.
Il faut absolument utiliser un trépied (ou du diazepam et un PSG1-T), et même là les feuilles des arbres qui ne sont jamais immobiles vous causeront quelques soucis (comme vous avez peut-être pu remarquer dans la photo au début de ce billet). Mais c’est un prix que je suis prêt à payer.
Quoique non. Avec enblend, normalement il est possible de “réaligner” les images. J’ai juste pas essayé, et puis ce billet de blog commence à être déjà pas mal long, alors ça sera peut-être pour une autre fois.
Pour ce qui est de l’installation, j’ai compilé moi-même la version cvs à partir des instructions sur le wiki. Mais si j’avais été moins idiot, j’aurais utilisé ce dépôt PPA contenant un paquet tout prêt pour diverses versions d’ubuntu.
Je vous laisse sur un comparatif de mes quelques photos réussies durant les dernières 24 heures… Les photos “normales” d’abord, et la version “enfusée” ensuite.
Oh le ciel gris moche.
Le classique test de torture: l’écran d’ordinateur dans le noir.
Pas grand chose à dire ici, si ce n’est que l’on voit plus de détails sous les arbres, que les couleurs sont plus vivantes. Cependant on semble avoir perdu un peu de contraste sur le panneau de signalisation.