Pourquoi mon blog ne sera jamais connu
Aujourd’hui, je raconte ma vie. Vous n’apprendrez rien ici, vous pouvez retourner à vos hobbies.
Je rédige mon ressenti sur mes écrits, comment je les vois, comment je vous vois.
Rien d’extraordinaire ici : Pourquoi mon blog ne sera jamais connu.
Ce blog est jeune. Bien plus jeune que mon désir de partage.
En effet, je pense que j’ai commencé à partager ma passion alors que je n’y connaissais moi-même pas grand chose, il y a de ça 15 ans environ. À l’époque j’essayais de convertir mes camarades du lycée aux joies de la programmation, de leur faire connaître la satisfaction de dompter sa calculatrice pour qu’elle résolve les équations à notre place. Plus tard, je comprenais malgré moi que mes amis n’avaient pas ce truc que j’avais, cette envie de savoir comment ça marche, ce besoin de créer quelque chose de moi-même et de le partager.
Il y a 15 ans, c’était déjà la même mentalité, que je ressens de mon entourage aujourd’hui : Pourquoi passer son temps sur l’ordinateur à écrire pour des geeks que je ne verrais jamais ? Pourquoi leur expliquer quelque chose qu’ils peuvent trouver ailleurs ? Pourquoi avoir le nez dans le code si ça ne me rapporte pas un rond ?
Je n’avais pas de blog bien sûr, Dieu m’en préserve. Imaginez si j’avais eu un skyblog
Quoi que ces blogs étaient sûrement plus visités que celui où vous vous trouvez.
Je dérive déjà, et ça me donne l’occasion de parler du sujet de ce blog.
Un thème précis
Il n’y a pas réellement de thème défini. J’écris ce que j’ai envie sur le moment, sur plusieurs jours en général. J’en reparlerai plus tard, mais l’écriture d’un article ne se faisant pas dans l’immédiat, il arrive que je touche au bout d’un post, mais que je ne le publie pas. Ça reste alors pour moi, un mémo. C’est le cas par exemple avec un billet que j’ai terminé sur les types d’input en HTML5. Mais je suis tombé sur l’excellent article de Xenos, qui propose exactement ce que mon post comporte. Alors il reste là, inutile de publier un duplicata.
Encore un coup je suis parti, retenez-moi quand c’est comme ça… Je parlais donc du thème du blog. Même si je ne m’impose aucun sujet, il faut avouer que ça tourne quand même pas mal autour de la programmation web, et de l’auto-hébergement en ce moment. Je m’autorise un test de temps en temps sur des projets méconnus ou une critique ouverte, mais ça reste dans la même thématique.
Ces sujets ne sont pas vendeurs. En écrivant, je sais pertinemment que je cible un public restreint : Les développeurs web. De plus, j’aborde généralement un point précis. Par exemple, combien ont déjà fait des recherches ou eu besoin des Values Objects ? Ou alors, cherché à utiliser Ice SSB sous Firefox Nightly ? Faut-il déjà utiliser Ice SSB, qui est un soft initialement exclusif à la distribution Peppermint, et utiliser la version Nightly de Firefox. En terme de public, faut être réaliste, c’est pas ça qui fait vendre.
En même temps, je ne vends rien justement. Tout est gratuit, pas de pub, et je n’ai pas de compte sur une quelconque monnaie virtuelle. Je ne dis pas que j’en aurai jamais, mais je n’en ai pas. Si un jour j’écris un outil utilisé, et que je doive me concentrer dessus régulièrement, alors j’y penserai. Parce que j’aurai une obligation de résultat, de ne pas laisser tomber ces potentiels utilisateurs. Mais aujourd’hui, si jamais je ferme mon blog sur un coup de tête (Cyrille, si tu nous regardes), vous ne vous sentiriez pas biaisés. Parce que je ne vous dois rien. Alors qu’avec un petit bouton ‘Liberapay’, ça change la donne.
Mais ni l’un ni l’autre n’est prévu
Alors, faut-il que je change de sujet ? Qu’ai-je à gagner à augmenter mon nombre de visiteurs ? Je pourrais sortir une liste des 30 thèmes WordPress les plus jolis, que j’aurai au préalable piqué ailleurs. En 1 heure c’est bouclé, avec un fort taux de trafic. Mais dans quel but ? Vais-je toucher un public qui va me suivre dans la durée ? Sûrement pas. Vont-ils prendre le temps de poster un commentaire pertinent ? Pertinent sur quoi, l’article est vide de sens…
Remarquez que j’ai écrit ‘Liberapay’ et pas ‘Patreon’ ou ‘Paypal’. Sans m’en rendre compte, j’adopte un discours en fonction du public qui me lit. C’est d’ailleurs un bon saut de cabri pour lancer la suite : Pour qui j’écris ?
J’écris pour les libristes
Malgré moi. Vous pouvez faire le tour des articles, aucun n’est une ode aux GAFAM, ni aux services qu’utilise monsieur tout le monde. Au contraire.
Ça commence par moi bien sûr. Je suis sous Linux, alors je m’ôte une grande partie du public, car je ne peux pas expliquer comment supprimer un éventuel Cortana, ou utiliser le dernier IDE à la mode dont tout le monde parle. Et quand bien même, j’en ai pas envie, alors ça tombe plutôt bien ^^
Coté social, je n’échappe pas à la masse légère : J’ai un compte Twitter depuis 2015, date d’ouverture de ce blog. J’ai posté exactement 56 tweets. Ça correspond au nombre des mes articles, dont certains ont disparus de la surface d’internet, et quelques trucs sans intérêt. Un compte Facebook non alimenté si ce n’est ma femme qui est heureuse de me mettre en avatar une photo de mariage. Je suis un peu plus présent sur Mastodon, mais je n’ai rien à dire, ou pas grand chose qui rentre dans les 500 caractères imposés. Alors je poste mes articles, pose une question technique, et retourne dans ma tanière.
Ce qui est drôle, c’est que c’est l’exact opposé de ce que je suis dans la vie. J’ai besoin et cherche le contact des gens. Au boulot, dans la rue, à la caisse du supermarché, partout, il faut que je parle, que j’échange. Mais sur internet je me tais, je fais profil bas. Il y a quelques exceptions bien sûr : Des commentaires sur des blogs que j’apprécie, des mails échangés, quelques posts techniques sur des forums, ce blog bien sûr, mais pas plus. C’est déjà pas mal en fait.
Donc si je ne tweete pas ce que je mange, ou la dernière fourmi croisée dans la rue, ou poste une photo de ma dernière soirée, comment toucher quelqu’un par ces réseaux ? À ne rien poster, on reste seul dans son coin. Peu de personnes me suivent, il s’agit pour la plupart de libristes qui connaissent déjà l’existence de mes articles, seule raison de mon inscription à Twitter.
Un ami me disait régulièrement cette phrase :
On a que ce qu’on mérite.
C’était pas le plus grand des écrivains, je vous l’accorde. Mais j’ai toujours trouvé ça vrai. Et ce blog ne fait pas exception. Je me suis malgré moi enfermé dans un cercle de libristes, que j’apprécie pour sûr, mais ce n’était pas l’objectif de ce blog.
À l’ouverture de celui-ci, j’avais l’idée utopique de réussir à vulgariser des notions que je considérais complexes, afin de les rendre accessibles à tout le monde. Suis-je sur la bonne voie ?
Je pense en toute objectivité que les articles présents sont accessibles, car je prends le temps d’y aller tranquillement. Je relisais cet article de Cascador sur les mots justement, et je pense être à l’opposé du fameux Christophe Gallaire : Ici tout est simple, direct. Je sais que tout n’est pas parfait, qu’il peut arriver que l’on ne me comprenne pas – ça s’est vu dans les commentaires d’ailleurs – mais je fais mon possible, et surtout je ne me la pète pas (enfin pas trop ).
En revanche, il faut bien avouer que le public n’est pas au rendez-vous : Si Firefox représente 14% d’utilisation sur tous les navigateurs confondus sur les 12 derniers mois en France, vous êtes plus de 60% à consulter ce blog avec. Je m’adresse à des personnes averties, qui ont du goût
Vous êtes encore là ? Chapeau, il faut du courage pour lire autant.
Des articles longs
Vous l’aviez vu venir la transition ? Quel talent.
Mes articles sont rares, mais longs. Oui, j’écris peu, mais j’écris beaucoup. Le nombre d’articles est franchement bas par ici, mais chaque billet est le fruit de plusieurs heures, plusieurs jours sur le clavier. Si certains se contentent de poser 5 lignes sur la dernière version de Debian, je passe rarement sous la barre des 2000 mots. Ce n’est pas un signe de qualité bien sûr, mais c’est au moins représentatif du temps que me prend chaque article.
À cela, ajoutez les heures de recherche. Si je fais le choix d’écrire, c’est bien évidemment pour ne pas dire de conneries. J’en dis sûrement, mais je me soigne : Chaque information technique est vérifiée.
Malheureusement, il n’est pas rare de trouver des sites qui se contredisent. Alors les recherches s’éternisent, parfois sur un détail merdique.
Petit aparté d’ailleurs : Je trouve gonflant de tomber sur des articles ou des forums qui ont presque 15 ans : Rien n’est plus valable. Messieurs, un petit délestage s’impose, parce que tomber sur des solutions qui ne fonctionnent plus depuis 10 ans, ou des tutos où l’on explique comment créer un site avec les fonctions mysql_* , c’est lourdingue.
Encore une fois, il est relativement aisé de créer une liste des 10 choses que fait mieux l’un que l’autre, ou sortir les 10 plugins indispensables pour votre blog. Mais ce n’est pas pour moi. Je laisse ça à ceux qui veulent du trafic. Non, moi je veux qu’on me suive. Peu importe que vous soyez 10 ou 100 ou 1000. Comme IRL, j’ai besoin de partager, et le faire avec ce type d’articles n’aurait aucun sens. Là vous êtes chez moi, je vous raconte ma vie, mes déboires, mon aventure. Mais tout ça, c’est long. Bienvenue chez moi.
Chez moi, c’est loin
C’est le cas de le dire, vous êtes chez moi. Je l’avais déjà dit, mais ce blog est hébergé chez moi, sur une machine peu puissante, reliée à une connexion internet des plus instables. Si ça me fait plaisir à moi, il n’en est pas de même pour Google. Non, lui voit uniquement le fait que le temps de réponse de mon site a pris plus d’une seconde dans la vue. Niveau référencement, ce graphique parle de lui-même :
Ce graphique représente le nombre de fois où les gens atterrissent sur mon site depuis une recherche Google. Le 2 août 2017 correspond à la bascule du blog depuis un mutualisé vers mon serveur Yunohost. S’en suit une interminable chute pour atteindre pratiquement zéro…
Depuis que je suis auto-hébergé, Google m’a presque blacklisté.
Pour info, je suis sur du 15Mo descendant, et Free bloque l’upload à 1Mo sur les ADSL, soit 115Ko/s en réel. Avec une atténuation à 30dB, c’est pas la joie…
Le temps d’affichage. Je suis sûr que pour ceux qui me suivent régulièrement, vous avez dû sentir la différence. Je la ressens moi-même. J’ai alors misé à fond sur le cache (merci Vincent !), et ça fonctionne plutôt pas mal. Mais pas assez pour les moteurs de recherche, qui pénalise mon serveur à cause de cela, le temps.
C’est là que je vois que quelques secondes, c’est important.
Le temps
Entre ma vie professionnelle bien remplie et ma vie personnelle qui n’est pas en reste, il me reste peu de temps pour l’informatique. Chaque billet est une succession de petits moments où je me détache de ma famille pour rentrer dans mon monde.
En ce moment même, je profite d’une pause clope pour rédiger ces lignes. Lorsqu’elle sera éteinte, je redeviendrai “Papa”, avec tout ce que cela implique. Ma femme me laisse assouvir ma passion tant que ça n’empiète pas sur les gosses, la maison, notre couple, et son temps libre à elle. Elle doit se dire que ça me fait plaisir de faire ça, avec un arrière goût d’inutilité. Comme on laisse les gosses faire semblant de tondre la pelouse, de repasser le linge.
J’en ai jamais réellement discuté, je ne sais pas ce qu’elle pense réellement de tout ça. Peut-être fait-elle semblant de me croire dans mon délire, en sachant pertinemment que tout ça ne sert à rien, que c’est un combat perdu d’avance. En tous cas, elle se plie sans broncher à mes caprices, tant que ça n’interfère pas sur sa productivité à elle. Aussi elle utilise le nextcloud de la maison, mais pas question de se séparer de son windows, qu’elle utilise au moins pour son boulot. Elle ne ricane pas quand je galère à simplement avoir du son, que VLC me parasite les vidéos du NAS, alors que VLC sous windows ça tourne impeccablement bien, mais sait me faire remarquer quand mes choix de libriste font chier, ou quand les gosses hurlent et que je suis devant l’écran. Bref, elle fait des concessions.
Et il faut savoir en faire pour vivre avec un passionné. Tout ça me prend énormément de temps, temps que je pourrais passer avec mes gosses, avec elle. Il m’arrive déjà de m’absenter souvent, faut-il que je m’éclipse encore quand je pourrais être là. Faut-il être con. Mais c’est ma passion, alors elle comprend, ou au moins elle fait semblant.
Je disais plus haut que chaque seconde est importante. Imaginez à présent le nombre d’heures que je passe sur un PC. Et pour quoi au final ?
Personnellement, j’ai au moins la fierté de me dire que je ne gâche pas ce temps en faisant la guerre à un autre individu, un homme qui peut-être vit la même situation que moi. J’essaye de n’offenser personne, mais ça c’est relatif, nous avons tous une sensibilité différente. J’essaye au contraire d’avancer, ou de faire avancer, à ma manière : Se développer moi-même (oui, c’est le slogan génial de ce blog ).
Alors, est-ce que ça vaut le coup ? Pour sûr. J’ai foi en ce que je fais, sans quoi je n’aurais pas le courage de le faire. Écrire est un réel plaisir, même si ce n’est pas naturel. Certains sont nés pour communiquer, d’autres pour vendre. Je crois que je suis doué pour faire, alors que j’adore communiquer, échanger. C’est pour ça que ce blog existe.
Voilà tout, je pense avoir fait le tour de mes idées, dans un grand fourre-tout. J’aurai pu appeler ce billet de bien des façons, tellement le contenu part dans tous les sens. C’est un peu les coulisses en fait, et pourquoi mon blog ne sera jamais connu.
L’article Pourquoi mon blog ne sera jamais connu est apparu en premier sur Max-Koder.