Le conte de deux cités (linuxiennes)
Charles Dickens n’y a sûrement jamais pensé mais c’est bien le titre d’un de ses romans que j’utilise aujourd’hui pour parler d’histoire linuxienne. La prose sera moins travaillée, l’histoire sûrement moins rythmée mais bon…
Cette réflexion m’est venue en faisant récemment le point sur mon utilisation de Linux. Je ne suis pas un utilisateur exigeant et du moment que je puisse surfer, écouter de la musique, écrire, jouer voir parfois bidouiller je suis content. Alors quelle distribution me correspondrait et me permettrait d’utiliser mon OS comme je l’entends ?
Car oui, à un moment il faudrait se stabiliser, rester sur une distribution que l’on apprécie et pouvoir utiliser son ordinateur tranquillement, sans tout reformater tous les quatres matins pour installer un nouveau système qui ne restera qu’un temps.
Notons d’ailleurs que je pourrais très bien passer par des machines virtuelles pour essayer des OS, mais non je suis trop bête pour cela.
En fait je distingue le monde Linuxien en deux catégories :Les mastodontes et les petits groupes. D’un côté les distributions qu’ont ne présentent plus, qui offrent un potentiel d’utilisation pour un large panel d’utilisateurs. C’est une très bonne chose et ces distributions ont du mérite car ce n’est pas simple d’offrir autant de logiciels différents tout en garantissant un système stable et fonctionnel.
Et de l’autre il y a les petites distributions, plus orientées, avec une communauté moins importante et qui pourtant, vivent très bien et apportent pour certaines des innovations intéressantes pour l’écosystème Linuxien.
Si je prends le cas de Debian je suis véritablement admiratif du projet. La stabilité est un véritable pilier pour beaucoup d’utilisateurs. Le système Debian est rodé, éprouvé, maintenu par la communauté pour la communauté. La version stable de la distribution porte bien son nom car chaque paquet est soigneusement testé pour garantir un risque quasi-nul pour l’utilisateur. Fedora est également une de ces grandes distributions intéressantes. Elle est très proche du projet GNOME et joue un grand rôle dans l’amélioration du kernel Linux. La stabilité est également au rendez-vous même si comparé à Debian, les paquets sont plus récents et donc moins testés. Mais la distribution a fait de grands progrès dans ce domaine, la preuve la plus récente en est la repousse de la sortie de Fedora 25 d’une semaine pour pouvoir offrir une image ISO plus stable et plus propre.
Et d’un autre côté nous avons également les petits groupes d’utilisateurs/développeurs qui travaillent sur de plus petites distributions, souvent orientés, avec une ligne directionnelle et une vision propre. Les premiers noms qui me viennent sont Chakra Linux pour son modèle semi-rolling release et sa volonté de créer un gestionnaire de paquet plus accessible à l’utilisateur. Ou encore Solus, projet que j’affectionne tout particulièrement et que j’utilise avec plaisir.
Il y a chez ces petits projets une volonté de réinventer la roue que je trouve intéressante. Cela prouve que l’on ne reste pas bloqué sur une vision bien précise, un état d’esprit, un moment T. On avance avec son temps, avec des envies naissantes, des besoins différents. Solus par exemple souhaite offrir un OS conçu pour l’utilisateur, le look y est travaillé, la base GNOME est allégée pour qu’un nouvel arrivant ne soit pas perdu sous la montagne de fonctionnalités.
D’ailleurs le projet a récemment annoncé qu’il allait petit à petit se dégnomiser pour que Budgie, son DE maison, reste toujours basé sur GTK mais puisse être totalement indépendant de GNOME. Le pari est risqué, mais je reste persuadé que l’équipe peut y arriver et qu’au final Budgie deviendra une alternative viable à GNOME pour quiconque rechercherait un DE basé sur GTK3 avec un look assez moderne.
Ce qui est intéressant avec Linux c’est que peu importe les distributions et les visions propres aux équipes ça développe souvent ensemble, ça partage, ça créée et il est possible pour les plus petits de picorer chez les plus grands et vice-versa.
En début de semaine j’ai testé Debian version Stretch au vu de la nouvelle version stable qui arrive. J’ai été épaté par le système. GNOME a beau consommé pas mal de RAM c’est relativement fluide. L’installateur, bien qu’en version alpha a fait le boulot sans broncher. Les logiciels sont présents et fonctionnels. Des outils comme ‘apt-listbugs’ sont essentiels pour éviter les désagréments.
Alors pourquoi ne pas utiliser Debian ? Tout ce dont j’ai besoin y est et la distribution porte des valeurs qui me touchent, en plus d’offrir une tranquillité d’utilisation. En fait je crois que je suis dépassé par l’immensité du projet. De plus je souhaite utiliser un DE moderne comme GNOME, mais je n’adhère pas du tout à Gnome-Logiciels. Je le trouve lent, sa politique d’installation au redémarrage de MAJ téléchargées silencieusement me dérange un peu et surtout je ne comprends pas son intégration au système. J’ai toujours des logiciels non mis à jour si je passe par GNOME-Logiciel.
Et pour le coup Solus m’apporte tout cela : - Il est basé sur GTK3 et a un look proche de Gnome-Shell - Le Centre d’installations est beaucoup plus agréable que celui de GNOME. - L’équipe est petite mais c’est dynamique et je ne suis pas perdu lorsque je veux aider. - Tous les logiciels que j’utilise sont là - Pour le moment, rien à redire sur la stabilité, tout en bénéficiant des dernières versions des logiciels.
Peut-être qu’un jour j’y viendrais, peut-être que Solus n’est pas vouée à exister durablement dans un écosystème déjà suffisamment saturé. Peut-être, mais le projet insuffle un vent nouveau suffisamment puissant et séduisant pour que j’y adhère et que j’y éprouve le besoin de participer à mon niveau. Certains ne verront qu’un intérêt quasi-nul dans la distribution, libre à eux d’utiliser ce qu’ils veulent.
La chose la plus intéressante avec Linux c’est de pouvoir trouver chaussure à son pied, de faire évoluer son système avec son utilisation, de ne pas rester figer dans un modèle et de sans cesse pouvoir se renouveler. Au final que ce soit autan Debian que Solus il n’y a que la philosophie et le public ciblé qui varient, sinon le principal c’est que ce soit des distributions Linux partageant un même état d’esprit sur le monde du libre.
Pour poursuivre un peu la réflexion je vous propose un récent billet du Mouton Libre sur l’interopérabilité. Les commentaires sont également très pertinents.
https://moutonlibre.net/blog/?d=2016/11/16/13/37/00-1337-interoperabilite