openSUSE Leap 42.2 est sortie !
openSUSE Leap 42.2 est sortie le 16 novembre dernier. C’est la deuxième version qui porte le nom de Leap. Cette dénomination rappelle le changement opéré l’an dernier dans la façon de construire la distribution : le cœur du système – noyau, système d’init, … – est celui de SLE, la distribution commerciale de SUSE.
L’aspect communautaire reste fort cependant, des centaines de logiciels étant ajoutés par dessus cette base, par des caméléons de tous bords. En ce sens, Leap 42.2 est un exemple : 1400 nouveaux paquets ont été incorporés et surtout le nouveau bureau KDE Plasma 5.8 LTS a été intégré, entièrement par la communauté.
Note : cette dépêche a été réalisée par AR7 sur le site de linuxfr.org, sous licence CC by-sa, elle s’inspire librement de l’annonce de sortie officielle.
En bref
Si l’on devait résumer cette nouvelle version en quatre points-clés, on pourrait dire qu’openSUSE Leap 42.2 est…
Encore un peu plus orientée entreprise
C’est vrai.
openSUSE Leap est basée sur SLE (SUSE Linux Enterprise), la distribution commerciale de SUSE. La version 42.2 de Leap partage encore plus de code source avec SLE, en l’occurrence avec sa version 12 SP 2.
Des technologies comme NVDIMM, OmniPATH et DPDK avec Open vSwitch sont maintenant prises en charge. Xen ne requiert plus son propre noyau et est supporté par le noyau par défaut.
En même temps que la base de code de SLE, openSUSE Leap 42.2 reçoit les paquets, la maintenance et les correctifs de la communauté openSUSE et des ingénieurs de SUSE. La série 42 de Leap est officiellement prise en charge pour au moins 36 mois à compter de la version 42.1, c’est-à-dire jusqu’en novembre 2018. Cela inclut des mises à jour de maintenance et de sécurité.
Prête pour les serveurs
openSUSE Leap 42.2 est la première version de Leap à offrir un profil « Serveur » durant l’installation. Lancer une plate-forme web ou mail est plus facile, tout comme gérer des projets plus complexes utilisant la virtualisation ou des technologies à base de conteneurs.
Il est aussi bon de rappeler que Leap et toutes les autres distributions openSUSE proposent un installateur complet en mode texte, donnant les mêmes fonctionnalités que l’installateur graphique sans pour autant utiliser X. Cet installateur est aussi capable de faire des installations à distance en utilisant VNC ou SSH, permettant ainsi de mettre en place openSUSE Leap sur un serveur sans accès physique.
Folle de Konqi !
Konqi, le petit dragon vert de KDE est de retour et en pleine forme ! Plasma 5.8 donne une nouvelle dimension à openSUSE Leap. Cette version du bureau KDE, estampillée LTS, devrait plaire aux utilisateurs soucieux de stabilité. Combiné avec Qt 5.6 et KDE Frameworks 5.26, Plasma 5.8 apporte aux utilisateurs de Leap 42.2 stabilité et fiabilité.
Amatrice de noyau LTS
Le noyau Linux 4.4 LTS pour openSUSE Leap 42.2 améliore les performances et les fonctionnalités du systèmes de fichiers Btrfs, avec notamment un nouveau « filtre d’équilibrage » ( balance filter). La para-virtualisation est activée dans le noyau par défaut. Ce noyau améliore la cryptographie ainsi que le support du standard TPM (Trusted Platform Module) version 2.0 et la virtualisation imbriquée via KVM.
En détails
Pour les utilisateurs
KDE
openSUSE Leap 42.2 est donc la première distribution à offrir le bureau Plasma LTS du projet KDE. L’environnement par défaut est en effet Plasma 5.8, riche en fonctionnalités et offrant de bonnes performances. Les utilisateurs de KDE qui étaient passés à autre chose devraient réévaluer cette version qui apporte des améliorations majeures en terme de stabilité et de fonctionnalités.
KRunner n’ouvre plus seulement des applications ; il peut aussi lancer certaines actions quand l’application démarre : ce sont les Jump List Actions.
La prise en charge du glisser-déposer a été ajouté pour apporter des résultats de recherche à n’importe quelle application.
Les utilisateurs de smartphones sous Android peuvent obtenir l’intégration de leur appareil avec l’application KDE Connect (disponible sur Google Play). Elle permet aux utilisateurs de recevoir des SMS sur leur poste de travail ou transférer des fichiers vers leur téléphone. Pour que ça marche, il ne faut pas oublier d’autoriser le service KDE Connect dans le module pare-feu de YaST.
Enfin, les administrateurs système apprécieront le support de Kiosk. permettant de fixer et déployer des profils de bureau.
GNOME
GNOME 3.20 offre aux utilisateurs de nouveaux contrôles de vie privée, notamment la possibilité d’autoriser la géolocalisation par application, un accès aux contrôles multimédia directement depuis la zone notification/date/calendrier et une nouvelle fenêtre listant les différents raccourcis clavier et gestes disponibles. Cette dernière peut être ouverte dans la plupart des applications GNOME, depuis le menu ou en utilisant le raccourci Ctrl
+?
ou Ctrl
+F1
. GNOME permet également accéder à Google Drive directement depuis l’application Fichiers.
Grâce à près de 870 contributeurs, plus de 28000 changements ont eu lieu depuis la version précédente. Tous les détails dans les notes de version de GNOME 3.20.
Autres bureaux
openSUSE Leap 42.2 offre à ses utilisateurs la possibilité de choisir d’autres bureaux. Vous pouvez essayer par exemple Xfce, Enlightenment, MATE, Cinnamon et LXQt. Seuls Xfce et Enlightenment sont disponibles sur l’image DVD d’installation ; il sont cependant tous disponibles en ajoutant les dépôts en ligne ou en utilisant l’image d’installation par le réseau.
LXQt 0.11.0, dont l’expérience utilisateur a été grandement améliorée grâce à la correction de nombreux bogues, introduit pavucontrol-Qt, le port Qt de pavucontrol, le mixer PulseAudio basé sur GTK.
Pour les administrateurs système
Virtualisation
openSUSE est une plateforme relativement complète pour faire de la virtualisation. On retrouve notamment QEMU 2.6.1, VirtualBox 5.0, GNOME Boxes 3.20, Xen et KVM ainsi que des solutions à base de conteneurs comme Docker et LXC. Une partie de la configuration peut se faire avec YaST, permettant de déployer des solutions plus rapidement et plus facilement.
YaST
Les sprints de l’équipe YaST menés jusqu’à la sortie de Leap 42.2 ont apporté pas mal de bonnes choses et ont rendu YaST (un peu) plus intuitif. La communauté YaST a remodelé l’interface utilisateur pour améliorer l’utilisabilité et continue d’ajouter de nouveaux outils et modules, après qu’ils ont fait leurs preuves dans Tumbleweed.
yast2-alternatives
est un nouveau module, créé lors du GSoC 2016, pour gérer le système d’alternatives d’openSUSE (issu de Debian). Un autre module, yast2-vpn
, permet de configurer des passerelles et des clients VPN. yast2-auth-client
, qui permet de configurer un système d’authentification centralisé, a été presque complètement réécrit. La gestion du chargeur d’amorçage a été améliorée pour élargir le support du Trusted Boot et la configuration de la protection du mot de passe a été refaite au propre. yast2-firewall
supporte maintenant firewalld, en plus du vénérable SuSEFirewall2.
En cas d’incident lors de l’installation, il est maintenant possible de lancer un débogueur. Les utilisateurs ayant une connaissance Ruby peuvent l’utiliser pour tracer ce qui s’est passé et trouver une solution voire un contournement.
L’impact sur la mémoire vive a été considérablement réduit, et la configuration du clavier et des polices de caractère de la console a été adaptée pour une meilleure compatibilité avec systemd.
Gestion des systèmes
Snapper peut maintenant utiliser les quotas Btrfs pour gérer le nettoyage des instantanés. Fini les partitions racines saturées à cause d’un trop grand nombre de snapshots !
openSUSE Leap dispose de Samba 4.4.2, qui fonctionne mieux avec les domaines Windows 2003.
systemd 228 apporte un changement notable au niveau des fichiers temporaires : les attributs v
, q
et Q
créeront désormais de simples répertoires même sous Btrfs (pas de sous-volume), si le répertoire racine est un simple répertoire. Cela devrait simplifier les choses avec certains environnements chroot qui ne connaissent pas le concept de sous-volume Btrfs.
La version d’AppStream améliore l’interaction avec les dépôts de logiciels.
La version de MariaDB ne bouge pas par rapport à la 42.1 et la petite mise à jour de MySQL vers la version 5.1.35 résout plusieurs soucis touchant le basculement vers un système de secours (failover).
Rappelons qu’openSUSE Leap utilise des Delta RPM pour les mises à jour de maintenance, réduisant l’impact sur la bande-passante.
Pour les développeurs
EDI et outillage
Avec le bureau KDE vient KDevelop 5.0.1.
Une version mûre du Qt 5 GUI Toolkit, la 5.6, est incluse dans Leap 42.2. On recense plus de 800 améliorations depuis la version présente dans openSUSE Leap 42.1. Qt 5.6 est une version LTS et apporte des corrections de sécurité dans le framework Qt ainsi que dans des bibliothèques tierces.
GTK 3.20, partagé avec SLE 12 SP2, fournit un toolkit solide et stable pour construire des applications. GNOME Builder est disponible en tant qu’EDI et permet non seulement de coder des applications GTK en C, C++ et Vala mais aussi de réaliser des projets dans de nombreux autres langages.
Pour tous vos besoin en compilation, Leap 42.2 contient GCC 4.8.5, 5.3.1 et 6.1.1. LLVM/Clang 3.8.0 est également disponible. CMake 3.5 est aussi de la partie, en fournissant un environnement de construction puissant et multi-plateforme pour les développeurs de projets Open-Source.
Enfin, niveau cryptographie, la version d’OpenSSL que l’on retrouve dans Leap 42.2 est la 1.0.2h, qui modifie le comportement d’ALPN et empêche ASN.1 BIO de faire des allocations mémoire excessives. OpenSSH est à la version 7.2p2 et assainit les informations d’identification pour X11.
Langages et bibliothèques
Parmi les langages de programmation présents dans openSUSE Leap 42.2, on retrouve notamment Python 2.7, Ruby 2.1 et Perl 5.18.
Cette version de Leap fournit également de nouvelles versions majeures pour libvirt (2.0) et libzypp (16.2).
Leap dispose d’une glibc 2.22 bien établie ainsi que de libsigc++ 2.8.
En plus
Images d’installation
Si vous voulez installer openSUSE Leap 42.2, rendez-vous sur software.opensuse.org/422. À noter que l’architecture i586 n’est plus disponible depuis Leap 42.1.
Des ports sont disponibles pour les architectures ARM et PowerPC.
Enfin, il est tout à fait possible de mettre à niveau une installation de Leap 42.1 vers Leap 42.2 en utilisant la commande zypper dup
. N’oubliez pas alors de lire les notes de version par rapport aux paquets supprimés ou renommés depuis la version 42.1.
Pour les contributeurs
Leap 42.2 est la première version d’openSUSE (en dehors de Tumbleweed) à utiliser Weblate pour gérer la traduction du système dans plus de 50 langues. Cette application web permet à tous, du traducteur professionnel au contributeur occasionnel, de prendre part au processus et rend possible la fusion des traductions d’openSUSE avec celles de SLE.
Un autre outil qui est de plus en plus utilisé par openSUSE est openQA, un logiciel pour tester des systèmes d’exploitation en faisant de la comparaison de captures d’écran. Il est également utilisé par Fedora.
Enfin, l’outil le plus connu et le plus utilisé est l’Open Build Service, un système permettant de construire des paquets RPM, deb et autres de façon automatisée. À noter que le projet openSUSE est impliqué, tout comme bien d’autres distributions, à rendre reproductibles la compilation et l’empaquetage des logiciels qu’elle distribue.
Tumbleweed
Si Leap se porte bien, Tumbleweed, la distribution en rolling release du projet openSUSE, est en pleine forme. L’important travail d’intégration en amont de chaque nouveau snapshot permet d’éviter beaucoup de régressions. Et, sur le long-terme, c’est aussi openSUSE Leap qui bénéficie de ces efforts… juste quelques mois plus tard !
Note : cette dépêche a été réalisée par AR7 sur le site de linuxfr.org, sous licence CC by-sa, elle s’inspire librement de l’annonce de sortie officielle.