Histoire d'une migration ratée vers Xubuntu
Ceci peut ressembler à un billet d'humeur.
A quoi bon se casser la tête à mettre en avant les solutions libres quand de toute manière, l'utilisateur final n'en a que faire. Ceci n'est pas un reproche vis à vis de l'utilisateur final mais bien un constat.
Il y a un plus d'un an, la machine de l'un de mes proches, sous Windows Vista, présentait tout un tas de problèmes, de lenteurs récurrentes, etc... On m'a donc demandé ce qu'il serait possible de faire pour remédier à ces désagréments et le plus simple était une réinstallation complète. L'utilisateur semblait presque prêt à changer de machine s'il le fallait (machine toute jeune, à peine 5 ans ; ce qui peut faire sourire les plus technophiles ;-) ).
Je ne suis pas un franc partisan de la migration forcée sous GNU/Linux mais bon en même temps, la machine n'était à ce que je voyais, que utilisée pour aller sur internet et visualiser/stocker des photos. Comme équipements externes, rien mis à part une imprimante multifonctions et des appareils photo numériques.
S'il y avait eu la moindre application particulière, le moindre appareil ésotérique ou autre chose du même type, je me serait contenté d'une réinstallation du système d'origine. Comme ce n'était pas le cas, j'ai tout de même pris le temps d'expliquer, ce que je proposais, quels étaient les changement attendus et ce qui ne changerait pas.
A ce stade, si vous vous trouvez dans le même cas, qu'après explications la réponse est "On te fait confiance" et que votre interlocuteur ne souhaite de toute façon pas prendre la peine de comprendre ce que vous lui expliquez, arrêtez tout. En effet, vous allez droit dans le mur. Cela est vrai pour plusieurs raisons.
Les besoins ont-ils été bien identifiés ?
L'utilisateur ne sait pas dire ni exprimer ce dont il se sert au quotidien sur sa machine. Consulte-il ses mails via un client lourd ou un webmail ? Il n'en a pas la moindre idée. A-t-il vraiment identifié toutes les petites applications qu'il a l'habitude d'utiliser ? Non, probablement pas, et c'est problématique.
On te fait confiance, mais surtout pour que ce soit comme avant...
L'utilisateur ne souhaite pas changer ses habitudes. C'est ça qu'il a veut dire quand il dit qu'il me fait confiance. Il veut le moins de changements perceptibles, ce qui transforme chaque détail spécifique à l'OS de départ en montagne à abattre dès lors que l'on se trouve dans le nouvel environnement. Essayez d'installer "Freecell", version Vista, sur Xubuntu. Via wine, seule la version XP est disponible. Une petite fenêtre s'ouvrait que vous branchiez votre appareil photo, et vous aviez directement le choix de copier ou déplacer son contenu dans le répertoire de votre choix. Naviguer dans les répertoire et refaire un bon vieux copier/coller vous semble alors être une aberration sans nom.
Maintenant, il y a un SAV.
Voilà ce qui m'a semblé le plus dur : la machine était depuis longtemps hors garantie et n'était suivie par personne. Elle a donc vivoté comme ça bon gré, mal gré, et ce durant plusieurs années. Elle ne fonctionnait pas bien mais puisque c'était avec le système préinstallé, il n'y avait pas grand chose à faire. Le système préinstallé donne l'impression d'avoir été choisi en connaissance de cause donc quand ça plante, on se trouve un peu face à nos propres choix et on assume plus facilement de faire avec.
A compter du jour où j'ai mis les mains dedans et où j'ai changé d'OS, je suis devenu le technicien qui doit veiller au bon fonctionnement de la machine et à qui on commence à demander de faire rentrer un rond dans un carré. Puisque j'ai proposé une solution autre, je suis devenu celui qui doit défendre la dite solution et qui doit trouver une solution quand un truc ne fait pas ce que l'on s'attend à ce qu'il fasse. J'ai réintroduit sans le vouloir une espèce de relation client/prestataire avec un contrat de maintenant GOLD.
Et maintenant ?
J'ai compris trop tard mon erreur et on ne m'y reprendra pas. Pour autant, la machine fonctionne parfaitement, est stable et ne présente plus les défauts qui lui étaient reprochés. Les gros problèmes sont soldés mais les différences perceptibles à l'usage sont elles même perçues comme de nouveaux problèmes et ce qui me semblait être de l'ordre du détail s'est en fait avéré capital à l'usage. Cela est hautement subjectif mais c'est ce qui compte en définitive.
Je vais donc repasser la machine sous Windows, déçu, forcement, mais aussi en me disant que c'est encore la solution la plus appropriée. Je considère que j'ai même trop attendu car la solution que j'avais proposé était mal vécue par mes proches.