Economie du logiciel libre en 2015, une croissance supérieure aux prévisions
Lorsque j’explique ce que sont les logiciels libres et ce qu’ils représentent dans notre économie, il y a des chiffres que je mentionne systématiquement :
En 2012, le marché du logiciel libre en France
2,5 milliards € et 30 000 emplois
6% du marché des services IT, 9 % en 2015
Nous sommes en 2015. Est-ce que ses prévisions ont été réalisées ou dépassées ? Les résultats de l’enquête réalisée par le cabinet Pierre Audoin Consultants auprès de plus de 100 entreprises – des TPE aux grands groupes – membres du Conseil national du logiciel libre (CNLL), du syndicat des ESN et des éditeurs Syntec Numérique vient d’être rendu publique à l’occasion de l’Open Source Summit, nouvelle grande messe du logiciel libre et de l’open source issue de la fusion de Solution Linux et de l’Open World Forum.
4,1 milliards d’euros en 2015,
10 % du marché des logiciels et des services informatiques en France.
50 000 emplois
Objectif atteint donc et même dépassé. Ce chemin a été parcouru en l’espace d’une quinzaine d’années et a vu se constituer des sociétés à dimension européenne comme SMILE qui atteint le millier de salariés et dont le rapprochement avec Open-Wide devrait encore gonfler la taille.
Cependant, parmi les pure-player, autrement dit ce qui ne font que du logiciel libre ou de l’open source, on constate très clairement la persistance d’une courbe de longue traîne. Il y a très peu de sociétés de plus de 100 salariés et un très grand nombre de petites structures dont je fais partie. Ainsi 66 % de ces entreprises ont moins de 10 salariés. Une conséquence du modèle économique dans lequel les barrières à l’installation sont très faibles. Il est rare qu’il soit nécessaire d’obtenir une certification ou un accord de distribution pour proposer des services autour d’un logiciel libre. Votre seule compétence suffit en général.
Prochain objectif : 2020 et le chiffre de 6 milliards d’euros. Il va sans dire que ce chiffre ne reflète que partiellement le réel impact des logiciels libres sur l’économie du numérique. A ce jour, il est quasiment possible d’affirmer que les revenus cumulés des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) reposent entièrement sur l’usage de logiciels open source.
Il est donc paradoxal de voir comment notre pays et les acteurs institutionnels de la région Rhône-Alpes entre autres continuent d’ignorer ce phénomène en refusant de donner la priorité à ce modèle économique.
Rien d’étonnant alors à ce que 76 % des entreprise du numérique libre autofinancent leur recherche et développement. A ce sujet d’ailleurs, les leaders de ces entreprises feraient bien aussi dans ce contexte de se tourner vers les propositions qui leur sont faites mais, qui reste là aussi ignorée, d’explorer d’autres moyens d’auto-financement comme le mécénat financier et de compétences. Mais là aussi, les blocages ont la vie dure.
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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 20/11/2015. | Lien direct vers cet article
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