Mozilla et Pocket, le prix à payer ?

mozilla pocketJe profitais de ce dernier long week-end de mai pour mettre la dernière touche à mon potager d’été. Tout en plantant, paillant, arrosant, je repensais à cette nouvelle inclusion de Mozilla dans son navigateur : Pocket. Vous avez dû en entendre parler, au vu de l’émoi que cela a suscité, notamment de la part du porteur du projet Wallabag Nicolas Loeuillet. Celui-ci expliquait dans un article pourquoi Mozilla se trompait. Développant une alternative libre à Pocket, sa montée aux créneaux est bien légitime.

Passons sur Firefox et les DRM, mal nécessaire je l’avoue, si l’on veut que Firefox puisse tout simplement continuer d’exister, et ne pas devenir « le navigateur qui ne marche pas pour les vidéos ». Passons sur les développements de Firefox pour la plateforme iOS d’Apple… Mais l’ajout de Pocket me provoqua un petit picotement et ma première pensée fut, que ce n’était ni la première ni la dernière fois que Mozilla se trompait, mais que l’accumulation commençait à devenir quelque peu dramatique.

Et puis j’ai lu l’article de Fred sur les articles « Putaclic » dont Mozilla Firefox était victime. A ce dernier, je rappellerais que si les derniers ajouts de Mozilla se désactivent facilement, il ne faut pas oublier que plus de 80% des utilisateurs ne changent jamais les options par défaut. Une fonction disponible par défaut est une nouvelle fonction tout court. Il reste deux approches, celle qui consiste à dire, tant pis pour eux, et celle qui consiste à se poser la question du faire autrement. C’est le moment où je suis parti jardiner.

Que faire donc face à cela ? Dire que ce n’est pas bien que Mozilla se trompe, etc. ? Possible. Mais d’un autre côté pourquoi cette « accumulation » de ce qui peut sembler des « bourdes » ? D’une certaine manière, je dirais que les premiers responsables sont les utilisateurs de Firefox. Ce qui pousse probablement Mozilla à prendre les récentes décisions, c’est tout simplement le besoin de se financer. Je pense que c’est un peu marche ou crève pour Mozilla. Évidement, ils pourraient chercher d’autres voies, utiliser les moyens dont ils disposent encore pour faire une grosse campagne et dire à ces millions d’utilisateurs : paie ou demain tu n’auras plus que les yeux pour pleurer.

J’ai repensé (normal j’étais le nez dans mes légumes) aux AMAP. Nous soutenons par nos achats le développement d’une agriculture locale et raisonnée (voir BIO, mais je ne suis pas fan). Alors je me suis dit que si je voulais bénéficier d’un navigateur web libre et respectueux de mes données, je n’avais pas d’autre solution que de le soutenir d’une manière ou d’une autre.

Alors j’ai fait un don de 10 $ à Mozilla. En échange, j’attends donc de Mozilla qu’il nous fournisse un navigateur web libre exempt de « cochoncetés » et ouvert à des services web sans exclusivité. Si vous aussi, vous souhaitez que les VRAIS logiciels libres continuent d’exister, vous n’avez pas d’autre solution que de mettre la main à la poche. Bien évidemment si vous contribuez déjà par le code, la documentation, les tests ou d’autres moyens non monétaires, vous êtes exemptés :-) .

Au passage, cela montre une fois de plus le rôle central de la monnaie dans le développement possible des biens communs. D’où l’importance du code de cette monnaie et de la façon dont elle est créée. Sans une répartition équitable de sa création, les projets vraiment libres continueront de se développer avec difficulté. Leur seule issue est de céder une part de leur « âme » aux modèles de développement actuel comme celui de l’open source. Au passage c’est une part de liberté pour l’utilisateur qui est aussi soustraite.

En attendant, soyons lucides et cohérents. C’est très certainement loin d’être le cas de la grande majorité des utilisateurs de logiciels libres qui se contentent d’utiliser sans mettre la main à la poche et se révoltent lorsque le porteur du projet n’ayant plus d’autre choix pour poursuivre l’aventure se met à tenter de monnayer tant bien que mal son œuvre. Dans l’immédiat, il n’y a pas d’autre solution que de financer avec les moyens qu’il nous reste ou nous taire.

Temps de rédaction : 1h30

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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 26/05/2015. | Lien direct vers cet article

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