Pourquoi « faire » des logiciels libres ?

Voici une question récurrente, parmi d’autres, au sujet des logiciels libres :

Pourquoi utiliser des logiciels libres ?

C’est une question intéressante (de mon point de vue) et qui s’adresse à tout un chacun, utilisateur averti ou non. Sur le net (et IRL), une multitude de personnes tentent d’y répondre. Généralement, ces questions à propos des logiciels libres se placent d’un point de vue utilisateur, ce qui est logique puisqu’il y a statistiquement plus d’utilisateurs que de développeurs.

A l’autre bout, d’un point de vue « développeur », la question de la pertinence de ce choix me semble nettement moins abordée. Je vais tenter donc de répondre à la question suivante :

Pourquoi est-ce que je fais des logiciels libres ?

Je précise que mon point de vue est celui que j’adopte dans un cadre personnel (projets perso, sur mon temps libre).
Dans mon cadre professionnel, je n’ai pas la liberté de choisir la licence sous laquelle je place mes softs.

J’utilise des licences libres pour plusieurs raisons

Parce que je suis avant tout un utilisateur de logiciels libres

Il existe des logiciels libres pour presque tout et je n’utilise presque que cela dans mon environnement personnel depuis plusieurs années. Je profite de la qualité des logiciels libres et du travail souvent bénévole de toute une communauté sans que rien ne me soit exigé en retour. Ce sont des raisons éthiques qui m’ont amenées à faire ce choix (ce serait ma réponse principale à la question « Pourquoi utilisez-vous des logiciels libres ? »). Il ne serait pas normal que je profite de ce système pour produire du logiciel privateur.

Parce que j’ai appris énormément grâce au libre accès à l’information

L’informatique est un domaine où étudier signifie aller au delà de ce que le cours nous propose. 50 heures de cours théoriques accompagnés de quelques TD ou TP ne suffisent pas pour maîtriser réellement un langage de programmation par exemple. L’intérêt des cours classiques est de donner des clés permettant d’approfondir le domaine étudié. Je suis donc régulièrement amené à consulter des ressources que je trouve sur internet lorsque je veux aller plus loin sur un sujet. Ce que j’ai appris, je le doit en grande partie à celles et ceux qui ont choisit de partager leurs connaissances ou leurs travaux plutôt que le contraire. A mon tour, j’espère pouvoir aider d’une manière ou d’une autre et faire du logiciel libre me semble être un bon moyen pour y parvenir.

Parce que d’un point de vue pragmatique, on apprend de ses erreurs

Et un bon moyen pour voir et comprendre ses erreur, c’est de commencer par partager son travail et le présenter à ses pairs plus expérimentés. Un logiciel peut fonctionner convenablement en apparence mais comporter des bugs, voir être très mal conçu. J’ai plusieurs fois eu des retours assez critiques sur mes applications de la part de développeur plus chevronnés. Ces retours sont extrêmement utiles et m’ont aidé à progresser. A l’inverse, j’ai tendance à penser qu’une part de ceux qui ne partagent pas les sources de leurs programmes le font par refus ou peur des critiques négatives.
Je ne me considère toujours pas comme un bon développeur mais en montrant mes sources, je progresse, c’est certain.

Parce que je veux protéger mes applications

Je souhaite produire des logiciels respectueux des utilisateurs, notamment par rapport à leur vie privée. Comme expliqué précédemment, en tant qu’utilisateur, je souhaite pouvoir faire confiance aux logiciels que j’utilise. C’est une relation de confiance et pour établir cette confiance je souhaite accorder des droits que je trouve juste à l’utilisateur. Je veux qu’il puisse :

  • utiliser mes logiciels comme il l’entend.
  • voir comment ils fonctionnent.
  • les modifier s’il le désire.
  • en redistribuer des copies, mon seul souhait étant qu’il accorde alors à son tour les mêmes droits sur la nouvelle version.

Ce sont les quatre libertés fondamentales du logiciel libre. Ces libertés permettent de protéger le logiciel des abus dont il pourrait faire l’objet. Je considérerais comme abusif que le fruit de mon travail soit réutilisé en ne respectant pas ces termes.
Note important, c’est mon logiciel et non moi directement que je souhaite protéger en lui appliquant une licence libre. Je pense qu’une fois que l’on a compris cela, on comprend l’une des grosses motivations des développeurs de logiciels libres.

Réponse aux questions qui m’ont parfois été posées

Pourquoi prendre sur mon temps libre pour écrire des programme ?

Ce n’est pas une question propre à l’écriture des logiciels libres mais y répondre permet peut être aussi mieux de comprendre le reste. C’est pour moi quelque chose du même ordre que faire un sport collectif, du bricolage ou de se plonger avec plaisir dans la lecture. Je ne considère pas cela comme du travail car je le fait de mon propre chef et par plaisir. Le développement est quelque chose d’à la fois passionnant et stimulant. Pour que cela reste agréable, je ne m’impose pas de contrainte de temps. Je m’astreint seulement à terminer ce que je commence.

Et l’argent ? Tout travail mérite salaire, non ?

Comme expliqué précédemment, je ne considère pas cette activité comme un travail à proprement parler (même si j’emploie parfois ce terme abusivement). C’est une passion qui mobilise parfois certaines compétences techniques mais qui a vocation à être partagée et la plus ouverte possible.
En contre partie, il est évident que dans un cadre personnel je ne vais pas passer du temps sur des sujets pour lesquels je ne trouve pas d’intérêt personnel. Il est par exemple tout à fait exclu que de mon propre chef, j’apprenne à utiliser une techno propriétaire sur mon temps libre.

Conclusion

Voilà donc quelques unes de mes réponses à cette question.
Dans la mesure du possible, je choisis donc de placer mes logiciels sous licence GPLv3.
Quelques liens au sujet de cette licence :
GPLv3 (en)
GPLv3 (fr)
http://www.gnu.org/licenses/quick-guide-gplv3.fr.html

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Publié par Frédéric Micout : 30