Test de Manjaro GNOME 0.8.11
Manjaro Linux est une distribution de type rolling release, basée sur Arch Linux, qui se différencie de cette dernière en proposant une installation simplifiée, un environnement de bureau et des applications pré-installés, ainsi que tout le nécessaire pour obtenir un système pleinement fonctionnel dès le départ.
Installation
Manjaro démarre tout d’abord en mode live CD, ce qui permet de tester la compatibilité du matériel, et de se faire un premier avis avant de lancer l’installation. Nous avons le choix entre un démarrage standard, ou avec des pilotes non libres.
Pour l’installation à proprement parler, aussitôt lancée, nous sommes prévenus de la disponibilité de mises à jour et de nouvelles traductions. Malheureusement, si nous acceptons de les installer, on nous demande un mot de passe administrateur, encore non définit, dont l’absence ne nous permet pas de mener à bien l’opération. Qu’à cela ne tienne, nous reprenons notre installation. Cette dernière a bien été traduite en français… hormis les boutons Close, Back et Forward (fermer, précédent et suivant).
Nous avons droit aux traditionnelles demandes concernant la langue, le fuseau horaire ou la disposition du clavier. En ce qui concerne le partitionnement du disque (automatique ou manuel), nous pouvons en profiter pour chiffrer la partition et utiliser LVM, ce qui permet de créer des instantanés ou de pouvoir modifier plus facilement la taille des partitions. Nous pouvons également placer le répertoire /home dans une partition ou un volume différent, ce qui permet de séparer nos données personnelles du reste du système.
Il ne reste plus qu’à définir notre nom d’utilisateur, mot de passe, choisir si l’on souhaite se connecter automatiquement sans demande d’identification, et l’installation peut commencer. Cette dernière ne prend guère plus de quelques minutes sur un disque SSD.
Un redémarrage plus tard, et nous voici sur le bureau. Et là, premier problème. Nous avions eu beau choisir un clavier français durant l’installation, nous nous retrouvons avec un clavier qwerty. Il faut donc se rendre dans les paramètres de GNOME, ensuite Pays & langue, puis changer la langue en français. Un popup surgit alors pour nous demander si nous souhaitons redémarrer maintenant. Il vaut mieux refuser, le temps de nous laisser choisir également le français comme source d’entrée.
Le gestionnaire de mises à jour nous signale ensuite la disponibilité de ces dernières. Nous acceptons, avant de nous voir confrontés au premier vrai problème. L’application se bloque sur la mise à jour des clés de chiffrement, et nous ne pouvons rien faire d’autre que de la tuer. Après un nouveau redémarrage, aucune mise à jour ne nous est cette fois-ci proposée. Nous effectuerons donc la mise à jour en ligne de commande (sudo pacman -Syu). Manjaro étant de type rolling release, nous avons droit à 445 mises à jour, représentant 795 Mo à télécharger.
Pour ceux qui, comme moi, considèrent qu’un verrouillage de l’écran après seulement cinq minutes d’inactivité peut devenir rapidement agaçant, peuvent se rendre dans les paramètres de GNOME, Énergie, puis redéfinir la valeur de l’option Écran noir.
Une fois le téléchargement de tous les paquets terminé, nous voici de nouveau confrontés à ce fameux problème de clés. Il va donc encore falloir régler nous-même le problème :
sudo pacman-mirrors -g && sudo pacman -Syy && sudo pacman -S gnupg && sudo pacman-key –populate archlinux && sudo pacman-key –populate manjaro && sudo pacman-key –refresh-keys
On enchaîne ensuite sur la mise à jour… du gestionnaire de mises à jour (sudo pacman -S pamac), puis on lance ce dernier pour mettre à jour le système. Cette fois-ci, tout se passe bien.
Système
Manjaro a préféré miser par défaut la carte de la sécurité, en optant pour le noyau Linux avec support long. Ce dernier étant fourni durant l’installation en version 3.16.7.2, avant de passer au 3.16.7.8 après la mise à jour. Un outil graphique permet néanmoins de passer facilement au dernier noyau en date, tandis qu’un autre outil, permet tout aussi facilement d’installer des pilotes propriétaires, comme ceux de la carte graphique.
Environnement
Au niveau de l’environnement, nous avons affaire à un GNOME 3.14 le plus proche possible de ce que le projet a prévu. Hormis le fond d’écran qui diffère, tout le reste correspond aux choix par défaut du projet GNOME. Thème Adwaita et applications GNOME par défaut, à l’exception de Firefox, en lieu et place de Web (Epiphany). On retrouve donc Photos ou Musique, même si je conseillerai plutôt de les remplacer par gThumb et Lollypop, qui paraîtront sûrement moins limités au quotidien. Certains programmes GNOME sont néanmoins absents, tel le logiciel de virtualisation Machines, ou le gestionnaire de paquets Logiciels, actuellement non supporté par Arch, et donc remplacé par Pamac.
Vous aurez par contre droit aux logiciels propriétaires Flash et Steam. Autant le premier peut se comprendre, ce plugin étant encore bien trop nécessaire sur le web, autant le second, est plus difficilement compréhensible. Les joueurs intéressés pouvant très bien l’installer d’eux-même depuis les dépôts.
Conclusion
En soit, la distribution est vraiment bien, mais l’expérience est complètement gâchée par de nombreux problèmes durant l’installation et la première grosse mise à jour. La faute incombe directement au projet Manjaro lui-même, qui refuse de supporter officiellement l’un des principaux environnement de bureau Linux, et dont l’édition GNOME, communautaire, a été gérée par une seule personne.
Malgré la sortie, entre temps, de Manjaro 0.8.12, l’édition GNOME n’a toujours pas été mise à jour, ce qui ne lui permet pas de bénéficier dès le départ des nombreux correctifs apportés au gestionnaire de paquets (la plupart des bugs rencontrés ont bel et bien été corrigés depuis), tout en obligeant l’utilisateur à télécharger plusieurs centaines de mégas de mises à jour. Sans aller jusqu’à faire comme Arch, qui propose un nouveau média d’installation tous les mois, de proposer une telle mise à jour en même temps que les éditions officielles, éviterai bien des soucis.
On ne peut donc décemment pas proposer cette distribution à des utilisateurs débutants sous Linux. Quant aux utilisateurs confirmés, ces derniers préfèreront sans doute utiliser directement Arch de leur côté. Reste peut être ceux qui ont le niveau, qui peuvent corriger les éventuels problèmes qui pourraient survenir, et qui seront tout de même heureux de gagner du temps sur la partie qui fonctionne bien (installation, partitionnement simplifié, pré-installation de l’environnement et des logiciels de base…) sans avoir à gérer toute cette partie eux-même.