Est-ce être extrémiste si l'on n'aime pas les DRM ?

En ce moment, les billets fusent à propos des DRM dans Firefox et l’idée "d’être ou ne pas être (extrémiste), telle est la question", ou encore soyons barbus et fiers de l’être (si vous sortez de coma, allez faire un tour entre-autres sur les blogs de Cyrille, Fred, Damien et antistress).
Regarder passer les balles en comptant les points est d’actualité en cette période de Roland Garros mais comme ça fait quelques années que je ne suis plus cet événement, je vais tenter une petite balle aussi (à défaut de balles neuves ou d’ace, j’espère quand même éviter le filet, encore qu’on est sur le net).

Concernant Firefox, tous les camps ont des points gagnants et, je ne sais plus où, j’ai entendu que de toutes façons, Mozilla est perdant qu’il choisisse ou pas d’implémenter les DRM.
J’ai trouvé le billet de Cyrille très pertinent et j’irai même plus loin.

Mozilla invoque le fait que s’ils ne suivent pas le mouvement, ils seront laissés de côté par les utilisateurs. Mais en fait, ils n’ont aucune marge de manœuvre, ils doivent garder à tout prix des utilisateurs pour justifier l’aumône accordée par Google qui leur a permis de se développer mais qui est leur seul moyen de subsister. Ils ne nous ont pas encore fait de chantage à l’emploi mais ça viendra peut-être. Difficile de dépendre d’un acteur tout puissant à qui il ne faut pas déplaire (d’autant qu’il n’a plus besoin de vous pour asseoir cette toute puissance). Mais c’était aussi un merveilleux moyen d’avoir des fonds sans dépendre de la générosité des utilisateurs. Bref, le business model de Mozilla n’est pas le sujet mais il risque de l’être dans un avenir plus ou moins éloigné (espérons que FirefoxOS permette un autre essor).

Sur l’aspect, soyons libristes mais pas trop quand même, je n’ai pas l’impression qu’être extrémiste puisse nuire à quelqu’un ; RMS n’a jamais nuit aux logiciels libres et c’est en partie grâce à lui si on a aujourd’hui la possibilité d’avoir des machines qui tournent sans logiciels propriétaires. Des moins acharnés que lui ont aussi permis d’intégrer des bouts de propriétaire afin de pallier aux manques ou baisses de performances (uniquement dû au fait que le matériel ou certaines technologies sont totalement fermés). De ce fait, libre à chacun soit d’avoir une machine entièrement libre (faut quand même bien choisir son matos) mais qui ne pourra pas forcément accéder à tous les contenus et avoir des performances optimales, soit de ménager la chèvre et le chou en intégrant le minimum vital tant qu’il n’y a pas d’alternative libre (personnellement, ce sont les drivers d’imprimante et flash pour pouvoir accéder correctement aux contenus multimédia). Libre aussi si je le souhaite de ne pas lésiner sur les programmes proprio si je trouve que GNU/Linux est plus polyvalent, moins troué, moins cher, plus paramétrable, plus performant, etc. que Windows et que je veux tuer des gros méchants sur Steam avec ma carte graphique nVidia et ses drivers proprio.

Maintenant, est-ce être extrémiste de blâmer Mozilla d’intégrer les DRM ?
Certains bottent en touche en disant que de toutes façons le ver était dans la pomme à partir du moment où le W3C avait donné son accord, certes.
Personnellement, je pense qu’effectivement, ils ne peuvent faire autrement mais que cela donnera lieu à une sévère désapprobation des fidèles les plus engagés (d’où forks probables).

Alors que devrait faire Mozilla ?
C’est pourtant simple : proposer une version de base sans support de DRM et un add-on permettant de les lire.
Comme ça tout le monde est content et ceux qui ont besoin des DRM pour regarder des trucs menottés (Game of Thrones semble être l’alibi ultime) pourront installer l’add-on comme moi j’installe Flash en attendant que l’HTML5 ou Gnash permettent réellement de m’en passer.
C’est un pis-aller mais cela n’empêche pas ceux qui n’en veulent pas d’avoir un système sans verrue ni ceux qui veulent en profiter de pouvoir l’utiliser (et même de changer d’avis régulièrement).
Car une implémentation d’office est une porte ouverte à d’autres blobs, que cela va occasionner une perte d’utilisateurs non négligeable (soit pour utiliser un truc vraiment libre, soit parce que tant qu’à faire autant utiliser Chrom*) et que plus jamais Mozilla ne pourra nous dire que la protection de notre vie privée est une priorité car le machin implémenté sera potentiellement probablement ouvert à la NSA (Adobe est une société américaine).

Si vous êtes d’accord avec moi, peut-être qu’il faudra convaincre Tristan de ce genre de possibilité...

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