La miettocratie dans toute sa splendeur
Cette semaine, l’invité de Place de la Toile était Pierre BELLANGER.
Auteur de livres régulièrement cités comme "la convergence c’est le code" ou "l’internet industriel" (d’ailleurs publiés sous CC et auxquels j’avais jeté un rapide coup d’œil), le PDG de Skyrock vient de publier un livre s’intitulant "la souveraineté numérique" qu’il est venu présenter dans l’émission.
Pour faire bref, il nous fait part de ses craintes que le réseau nous prive de tous nos emplois et nous vole nos données (récupérés par les américains). En soi, ce n’est pas tout à fait faux.
Pourtant, à mon avis, il est très souvent à côté de la plaque. Il fait notamment la comparaison de l’ordinateur et de la voiture où le système d’exploitation prendrait toute la place au détriment de la machine, nous rendant entièrement dépendant de l’entreprise de software. Il oublie juste qu’un ordinateur sans système d’exploitation n’est pas utilisable alors que la voiture n’en a pas besoin (ce qui ne veut pas dire que l’on ne tente pas de nous en imposer un).
A ce constat que tout va s’écrouler et qu’il faudrait reprendre en main le réseau, il prône la souveraineté nationale, à savoir que les emplois et les données devraient rester en France. D’autres politiques ont déjà eu ce genre d’idée mais ce n’est pas le sujet. Pour préserver les données, il faudrait donc les crypter mais par l’intermédiaire d’un espèce de réseau national (qui offrirait les même services que Google mais en bien et que pour les français et auxquels ont pourrait bien sûr avoir une confiance absolue).
L’animateur qui laisse souvent beaucoup de liberté à ses invités et ne les contredit pas souvent semblait un peu éberlué et a même essayé de lui tendre la perche de communautés qui feraient déjà de la protection des données mais à aucun moment les outils libres n’ont été évoqués. Comble absolu, le droit d’auteur ainsi que la publicité ont été portés aux nues afin d’augmenter la libertés des utilisateurs (sic).
Dans un fantastique élan lyrique, l’invité a défini la "miettocratie" dont il se réclame, à savoir que quand les gros méchants ont mangé tout le gâteau, il faut se battre pour avoir les plus grosses miettes ; ici j’ai vraiment entendu un patron de l’industrie qui de peur de ne plus rien avoir réclame à corps et à cri, de fermer et réguler au maximum les réseaux afin de pouvoir continuer à gagner de l’argent.
Si vous voulez vous faire plaisir (ou vous mettre en rogne), je vous laisse écouter l’émission, mais pour ma part, d’un avis mitigé sur la personne, j’ai maintenant une opinion très défavorable.