Achat d’ordinateur portable pour GNU/Linux : mode d’emploi

Lors de l’achat d’un ordinateur portable destiné à faire tourner une distribution GNU/Linux, deux problèmes se posent :

  • la compatibilité matérielle de tous les composants (son, wifi, bluetooth, webcam…) ;
  • la vente forcée d’une (n-ième) licence Microsoft Windows inutile.

Nous pouvons distinguer deux types de revendeurs informatique :

  • ceux qui revendent des ordinateurs portables provenant directement des constructeurs, qui forcent l’achat d’une version de la licence du système d’exploitation Windows et éventuellement d’autres logiciels (c’est le cas de l’immense majorité) ;
  • les autres, qui permettent l’achat d’un ordinateur sans achat forcé de licences de logiciels, et qui proposent même parfois le choix des composants matériels…

Pour comparer les vendeurs d’ordinateurs, l’AFUL a mis en place un site : http://bons-vendeurs-ordinateurs.info/.

Acheter chez un bon revendeur

Naturellement, il est préférable de se tourner vers un bon revendeur, lorsque cela est possible. Certains proposent des ordinateurs sans système d’exploitation, d’autres proposent des ordinateurs avec Ubuntu ou d’autres distributions GNU/Linux pré-installées. D’autres encore laissent le choix total (Windows XP, Windows Vista, Ubuntu, Mandriva, Fedora… ou sans OS), où le client ne paye la licence que pour les logiciels qu’il désire (et éventuellement le coût d’installation si le client désire avoir un système pré-installé).

Avantages

Acheter chez un de ces revendeurs résout les deux problèmes initiaux :

  • le matériel a parfois été testé avec la version actuelle du noyau Linux, ce qui garantit l’absence de problèmes (il suffit de le demander) ;
  • les licences pour un système d’exploitation et des logiciels non désirés (qui représentent une part non négligeable dans le prix d’un ordinateur, parfois jusqu’à 30%) ne sont pas vendues de force.

Remarque : attention à bien distinguer « ça fonctionne sous Linux » et « ça fonctionne sous Linux out-of-the-box ». Dans le premier cas, cela veut dire qu’il est possible de faire fonctionner le matériel éventuellement en y rajoutant un pilote (propriétaire) ; dans le second cas, tout fonctionne même en LiveCD, sans aucune manipulation. Insistez pour bien vous faire préciser si tout fonctionne sans installation de pilotes supplémentaires.

C’est ce que j’ai fait récemment en achetant un ordinateur Clevo sans logiciels, pour un prix dont la valeur entière tient sur 10 bits (pour les non-geeks, comprenez environ 1000€), pour une configuration plutôt sympa pour le prix (ce n’est pas pour jouer) :

  • Intel Core2Duo P8400 (2×2,26GHz)
  • écran 15,4″ 1680×1050
  • nVidia GeForce 9300 256Mo
  • 320Go 7200trs/mn 16Mo de cache
  • 4Go de RAM

Tout est reconnu, même en LiveCD (seule la carte graphique nVidia nécessite l’installation de pilotes propriétaires, en espérant qu’un jour il soit possible de faire fonctionner les effets 3D avec le pilote libre, comme on peut déjà le faire avec des AMD/ATI ou avec les cartes Intel intégrées).
Il me reste encore à tester le bluetooth.

On pourrait donc conclure que tous les problèmes sont résolus, il suffit de se tourner vers ces revendeurs, et c’est gagné. Malheureusement, ce raisonnement serait un peu simpliste.

Inconvénients

Si ces revendeurs respectent la loi et permettent d’acheter le matériel sans les logiciels, ils n’en ont pas moins des défauts.

Le premier concerne la gamme disponible : ils ne possèdent pas tous les ordinateurs (loin de là) existants dans le circuit de distribution classique (en grande surface par exemple). Et la plupart des modèles spécifiques chez les bons revendeurs ont un design assez pauvre, qui ne rivalise pas avec celui des ordinateurs de grandes marques.

Ensuite, le prix d’une machine équipée d’un système d’exploitation GNU/Linux chez un bon revendeur est parfois supérieur à celui d’une machine équipée de Microsoft Windows chez un mauvais revendeur, tout simplement parce qu’un petit revendeur ne vend pas suffisamment d’ordinateurs pour pouvoir faire baisser les coûts.

Enfin, le délai est souvent un peu plus élevé, le temps d’assembler l’ordinateur si le revendeur propose le choix du matériel (en tout cas il est forcément plus long qu’en repartant avec l’ordinateur sous le bras dans une grande surface).

Pour diverses raisons (design, prix, autre…), des clients peuvent donc désirer tel modèle d’un matériel de telle marque, sans pour autant être obligés d’acquérir les licences de logiciels qu’ils ne désirent pas. Dans ce cas, certains préfèrent acheter chez un mauvais revendeur.

Acheter chez un mauvais revendeur

Là, c’est un peu plus compliqué.

Compatibilité matérielle

Pour la compatibilité matérielle avec le noyau Linux, il ne faut pas compter sur les vendeurs pour obtenir la moindre information (au mieux, la réponse sera « demandez sur un forum, nous on ne fait pas Linux! », au pire « c’est quoi Linux? »). Demander à un vendeur pour tester un LiveCD ou une LiveUSB d’une distribution GNU/Linux sur un ordinateur mènera presque systématiquement à une réponse négative.

Une solution est de rechercher le modèle exact de l’ordinateur dans un moteur de recherche, en espérant trouver quelqu’un indiquant si tout fonctionne ou non. Dans le cas contraire, il est toujours possible de demander sur un forum (ubuntu-fr par exemple) si quelqu’un fait fonctionner une distribution GNU/Linux sur l’ordinateur en question.

Sinon, il faut s’en remettre à la chance : le matériel est de plus en plus souvent reconnu out-of-the-box avec les nouvelles versions du noyau Linux.

Vente liée

Chez les mauvais revendeur, la vente de la licence d’une version (basic, home, premium, pro, ultimate…) de la génération actuelle de Windows (Vista en ce moment) est imposée (avec éventuellement d’autres logiciels) : il est impossible d’acquérir le matériel sans les logiciels. Ceci est illégal.

Si vous achetez un ordinateur pour y mettre exclusivement GNU/Linux, ou si vous possédez déjà une licence valide et utilisable de Windows, ne vous laissez pas faire !

Suite à différents procès, les constructeurs proposent maintenant des procédures de remboursement (après l’achat). Cependant, la plupart (actuellement toutes) sont abusives.

Non, Windows OEM ne coûte pas 25€ ! Non, le retour de l’ordinateur ne peut pas conditionner le remboursement des licences logicielles !

Je ne vais pas argumenter ou expliquer comment faire ici, je vous renvoie au détail de mes procédures racketiciel en cours.

En attendant l’optionnalité, n’hésitez pas à vous faire rembourser la licence des logiciels que vous n’utilisez pas, comme plusieurs l’ont déjà fait.

Conclusion

Pour résumer, la première chose à faire pour acheter un ordinateur destiné à GNU/Linux est de regarder si un modèle convient (selon les critères de chacun) chez les bons revendeurs. Si ce n’est pas le cas, n’acceptez pas passivement de payer une nouvelle fois des logiciels que vous n’utilisez pas.

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