Notre dernier été

Ce billait s'intitulait initialement Passion et responsabilité.

Facebook a ce côté formidable de permettre à des gens de s'interconnecter, des gens qui se ressemblent ou aspirent à des idéaux similaires. Facebook ne fait rien. Ce sont les gens qui font. Et donc de dénicher un blog espagnol d'une réalité et d'un pragmatisme implacable : El Ultimo Verano.

Il y a 7 mois, j'écrivais un billet/aveu public d'une année enrichissante en dépit de la considérer comme un échec. Je n'y voyais pas ma dernière année, pas plus que mon dernier été. C'était mieux qu'une rémission : une guérison.

Une nouvelle succession de choix.

tl;dr

Si quelque chose te tient à cœur, n'attends pas que ça se produise. Ça ne viendra pas tout seul. Fais-le. Place aux actes.

Apprendre à observer

Je constate souvent le même motif se répéter : le lycée, savoir ce qu'on veut faire (mais que sait-on faire ?), les études secondaires, son premier boulot, les copains se marient (va falloir que je pense à me trouver une copine/un mec), le premier divorce des amis (ça n'arrive qu'aux autres), mon deuxième boulot, bon finalement elle/il me trompait (me méritait-il ? avec qui voudrais-je vivre ?), les premiers pas du petit bout (mais bon, c'est sa mère qui a le garde, je n'en aurais vu que les photos) et puis bon sang, bientôt quarante/cinquante/soixante ans, et quel monde de merde. C'était mieux avant.

Avant quoi ? Quand on regardait quoi ? Ou plutôt, quand on ne voyait pas quoi ?

En accentuant ma pratique de la photo, je me rends compte avoir acquis un regard sur ce qui m'entoure, m'obligeant à me détacher et à interpréter comme nouveau toute image se formant dans mon cerveau. 2011 m'aura été favorable en ce point, apprendre à déconstruire les symboles et les situations. Rien n'est acquis. Rien n'est normal.

Renouer le lien

Et pas juste avec les personnes. Avec ce qu'on utilise. Avec ce dont on se nourrit, physiquement et intellectuellement.

En achetant le plus possible des produits naturels (et réalisés avec des procédés naturels). En générant le moins de déplacements possibles (quitte à renoncer et accepter ne pas avoir tout ce que je veux). En rendant la monnaie, avec un sourire.

Diriger sans commander

En endossant le rôle de directeur technique chez Dijiwan en septembre 2011, j'avais plusieurs objectifs à accomplir :

  • recruter une équipe (de qualité) ;
  • définir les pistes techniques et technologiques ;
  • insuffler, maintenir et accroître l'envie au quotidien, la mienne, mais aussi celles des développeurs, voire des individus partageant le même lieux de travail ;
  • ne pas tomber dans les travers tyranniques ou d'une exigence ne tenant pas compte des réalités.

J'ai arrêté avec l'irréalisme (idéalisme ?) : faire avec ce qu'on aimerait avoir. Les conditions idéales. Au lieu de cela, j'ai préféré tirer parti des qualités mais aussi des défauts de chacun.

Au final, chaque développeur fait ce qu'il veut, est responsable de ce qu'il fait, apprend aux autres, apprend des autres, propose des idées, a raison, se trompe. Nous n'avons pas de deadline, pas de cahier des charges, pas de réunion.

Au lieu de ça, on se parle, on explique ce qu'on va faire et quand on a un doute, on se pose des questions. La qualité est là, la motivation persiste, la bonne humeur aussi.

Je dirige : je donne une direction, j'accepte les changements et surtout, je travaille au même niveau que tout le monde, en produisant du code. Je ne dirige pas le maintien de la peur, l'acharnement à faire faillir ces personnes si précieuses pour la réussite d'une entreprise (l'étymologie prend ici toute sa signification – entreprendre).

Réduire la vitesse

Offert par David Larlet avant son départ au Japon, j'ai débuté et achevé la lecture de Et si l'aventure humaine devait échouer de Théodore Monot en janvier.

On ne peut plus croire à la stabilité définitive de toute chose.

Cette lecture m'a décidé à effectuer deux autres choix : me rapprocher de mes activités (travail, sorties, culture etc.) en déménageant. Le déménagement est une des choses qui me fait le plus horreur. Tout ranger. Tout déballer. Reconstruire. Dois-je préciser que j'ai débusqué mon futur lieu de vie via Facebook ?

Coïncidence, j'ai déménagé 2 jours après son retour. David imaginait-il l'impact de son geste ? ;-)

Y compris celui du second choix ? Défaire le symbole de la voiture individuelle. Je considère cette facilité, cette normalité, comme un symbole de l'apogée de l'ère industrielle différenciant le pauvre du riche.

Oui la voiture me manquera sûrement. Changer d'habitude(s). Mais les solutions existent : auto-partage, la voiture des copains, location entre particuliers (réutilisons ce qu'on a bordel – airbnb dans un autre registre correspond tout à fait à ce modèle), l'auto-stop ou le covoiturage.

Conclusion

En cette période Olympique, la compatibilité des médailles de notre pays semblent plus importante que tout. Plus importante que l'effort des athlètes (être sélectionné pour les jeux est déjà un succès en soi). Plus importante que la régularité de l'entrainement. Plus importante que le moral. Plus importante que la morale (contrôler ce que la population peut faire pour de riches corporations – sa nourriture, son téléphone, sa carte bleue VISA etc.).

Comme si ces succès pourraient nous faire oublier que nous sommes en échec. Ou plutôt que les autres sont en échec. Parce qu'on fait ce qu'il faut. On sauve sa conscience. Ce n'est pas notre faute. On a fait ce qu'on pouvait.

Tout ceci manque cruellement de passion.

Anecdote quand même

La photo illustrant l'article s'appelle Forest Couch. Elle représente l'appartement dans les bois, une œuvre éphémère d'Anne-Laure Boyer.

Son travail a consisté à agréger des biens et souvenirs d'habitants d'immeubles candidats au dynamitage, pour être remplacés par des pavillons. Malgré des conditions de salubrité pas forcément génialissimes, l'attachement des habitants au lieu était certain.

Un lieu unique voué à disparaître, constitué de pièces de propriétaires multiples, tel est le symbole offert.

Anne-Laure poursuit également une série nommée Déménagements. Le comble ? Elle a aidé mon déménagement en me permettant de lui acheter une machine à laver et un four (via Facebook s'il est besoin de préciser). Alors qu'elle poursuit le sien, avant de retourner une année … en Espagne.

CQFD.

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Publié par Oncle Tom : 56