Applications métiers libres, la prochaine étape ? (Partie 1/3)
Les applications métiers sont des solutions logiciels dédiées à un corps de métier bien précis. Dans ce domaine le logiciel libre et l’open source ont encore bien du chemin à parcourir. Pourtant c’est bien cette direction qui semble porter le plus gros potentiel en terme de développement. Encore faut-il mettre en place les structures aptes à favoriser leur développement.
Une application métier : Coopengo
Pour bien illustrer ce concept d’application métier, voici une rapide présentation de Coopengo un logiciel dédié au secteur de l’assurance et de la protection sociale. Sont donc concernés les Assureurs, Courtiers, Mutuelles ou encore les Institutions de Prévoyance.
Comme on peut le voir, l’approche est totalement différente de celle des logiciels que l’on connaît habituellement dans le monde du logiciel libre et de l’open source. Les solutions sont “génériques” et ne sont pas dédiées à un secteur d’activités. C’est donc bien cette notion de “métier” qui fait toute la différence.
Si on y regarde de plus près, on constate Coopengo est en fait un ERP (Enterprise Ressource Planinng) qui a été pré-configuré. En l’occurrence, Coopengo est basé sur Tryton, un fork d’OpenERP. Quelle différence alors pour l’utilisateur ?
Tout simplement le gain de temps dans la mise en place de l’outil. Plutôt que de devoir expliquer son métier à un intégrateur qui réalisera ensuite un paramétrage, l’utilisateur bénéficie d’une solution “prête à l’emploi”. Je mets quand même un bémol à cette affirmation, il faudra évidemment vérifier l’adéquation avec les besoins et réaliser des ajustements. Cependant au final, le coût de mise en place devrait être inférieur.
Des solutions pour les utilisateurs
Concevoir des logiciels destinés à des corps de métier est à mon sens la démarche à ce jour la plus pertinente pour continuer le développement du logiciel libre. J’y vois plusieurs avantages :
- La pertinence de la réponse fonctionnelle à un besoin d’une branche d’activité ;
- La possibilité de fédérer les sociétés d’une branche d’activité autour d’une solution pour les inciter à mutualiser leurs moyens financiers pour assurer le développement et la maintenance du logiciel ;
- Si les utilisateurs sont impliqués dans la gouvernance, alors ils deviendront naturellement des prescripteurs de la solution, car il sera de leur intérêt de voir de nouvelles sociétés s’associer à l’effort financier ;
Cette approche que François Elie décrit dans son livre sur l’économie du logiciel libre semble en effet porteuse de bien des avantages, dont celui non négligeable, de garantir que le développement du logiciel sera payé. Car les développeurs ne vivent pas que d’amour et d’eau fraîche. En s’assurant le soutien des utilisateurs, c’est aussi s’assurer des revenus pour le travail effectué.
Une démarche bien différente de celle des hackers qui développaient (et développent toujours) des logiciels libres “pour le plaisir”. Une notion qui introduit un biais : la complétude fonctionnelle et technique se limite souvent aux besoins de ceux qui développent le logiciel. Une démarche complémentaire portée par les utilisateurs à celle des hackers est donc nécessaire pour aller “plus loin”.
Nous verrons dans l’article suivant la notion de mutualisation de la demande et les statuts juridiques qui peuvent être adoptés pour porter ces applications métier. Vous noterez l’utilisation du terme utilisateur et pas client qui caractérise un autre modèle de développement celui du logiciel open source.
Crédit image : Certains droits réservés par michaelcardus
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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 27/02/2013. | Lien direct vers cet article
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