Les logiciels open source poussent la valeur vers les services et les données

Lorsque l’on parle des Business Model de l’open source, on présente des modèles dans lesquels les logiciels n’ont plus de valeurs ou plutôt ne sont plus créateurs de valeur car leur utilisation est libre.

La question récurrente de ceux qui découvrent les logiciels open source est bien souvent : mais comment un éditeur open source peut-il vivre ?

Dans le cycle de vie du logiciel on peut distinguer différentes phases si l’on se place dans le cadre de la mise en place d’un logiciel existant :

  1. La définition des exigences pour la solution attendue
  2. L’étude et le choix de la solution
  3. L’acquisition du droit d’utilisation
  4. La mise en place et la personnalisation du logiciel
  5. Le maintient en état de fonctionner de la solution

Dans l’approche traditionnelle du logiciel propriétaire, la valeur est générée par le logiciel dès la phase 3. C’est même un pré-requis. Sans ce transfert de valeur, pas de logiciel.

Le logiciel open source casse le modèle propriétaire en éliminant lors de cette phase la possibilité de créer de la valeur.

Cette création de valeur se déplace tout naturellement vers les phases 4 et 5 sous la forme traditionnelle du service. Cependant et c’est un point qu’il ne doit pas être facile d’évaluer et de comparer, la somme des valeurs  des phases 3 et 4 est-elle identique dans les modèles open source et propriétaire ?

J’aurais tendance à penser que la somme est identique. On dit souvent que le logiciel open source réclame plus de formations et plus de prestations de personnalisation.  Si l’on prend le contexte économique actuel en référence, les solutions open source semblent mieux s’en sortir que les propriétaires. En effet les budget diminuant et la part de service étant parfois incompressible, la part de valeur restante est affectée aux services et donne donc une prime aux logiciels open source.

La phase 5 se traduit aussi par du service et reste similaire entre les modèles open source et propriétaire.

A partir de là que peut-on en déduire ? La marge générée par les services peut être utilisée pour financer les évolutions des logiciels open source. Cependant un éditeur ne disposant que de la marge de la phase 5 aura probablement quelques difficultés pour atteindre une certaine rentabilité. Une raison qui les pousse le plus souvent à effectuer aussi des prestations de service pou capter la valeur potentielle de la phase 4

Au delà des services existe-t-il un autre moyen de générer de la valeur ?

On vient de le voir, le modèle actuel des éditeurs open source est basé sur la création de valeur par les services. Ce modèle se retrouve bien sur dans les services en ligne. Deux cas de figure cependant :

  • Les entreprises : elles vont payer en échange d’un service. Le transfert de valeur est direct du consommateur au producteur.
  • Les particuliers : les services sont gratuits (en très grande majorité), la création de valeur est faite de façon indirecte au travers de la publicité ou de la valorisation des données captées par les services offerts aux utilisateurs.

Avec ce dernier cas on commence à entrevoir un autre modèle de valorisation du logiciel open source : les données.

Là encore deux cas de figure peuvent se retrouver :

  • la donnée est créée par l’utilisateur qui en fait “don” au fournisseur du service en échange de la “gratuité” du service,
  • la donnée est apportée à l’utilisateur cette fois en échange d’un paiement.

Cette dernière façon de créer de la valeur n’est pas non plus une innovation. Les logiciels propriétaires l’ont inventés depuis longtemps (exemple : un logiciel de navigation GPS et les cartes routières). Cependant encore une fois la création de valeur ne se fait plus que sur la donnée.

Et si la donnée devenait elle aussi “gratuite” ?

Un exemple concret que je vous avais présenté : la base de données ouverte OpenCelliD. L’objectif de cette base est de recenser la localisation des émetteurs GPS des opérateurs de téléphonie mobile. Le logiciel est open source et les données sont disponibles sous une licence “Creative Common Attribution-Share Alike 3.0 Unported”

Où est alors la création de valeur ? Elle reste dans les services qui pourront être construit autour de ces données.

En fin de compte les logiciels open source n’ont pas inventés de nouveaux modèles de création de valeur, ils ont par contre forcés le déplacement de la création de valeur vers les services et/ou les données. Le logiciel n’ayant pour seule valeur que d’apporter la fonctionnalité. Une des tendances des années à venir sera n’en doutons pas la création de valeur par les données.

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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 17/06/2009. | Lien direct vers cet article | © Philippe.Scoffoni.Net - 2009

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