Ubuntu c’est pas si mal finalement
A chaque changement de machine, se pose la question de la distribution GNU/Linux qui va bien vouloir fonctionner dessus sans avoir besoin d’investir des heures de travail. Une question d’autant plus inquiétante quand, comme moi, on s’entête à acheter des ordinateurs portables “au goût du jour”.
Il était une fois Optimus
Vous vous souvenez peut-être de cette série d’articles que j’avais pu rédiger autour du support de la technologie Nvidia Optimus par les distributions GNU/Linux. Tout a commencé le jour où j’ai acheté un ordinateur portable doté de la fameuse technologie permettant de disposer des deux cartes graphiques. Une intégrée au processeur, en l’occurrence dans mon cas un iCore 3 d’Intel et une plus classique et plus puissante de chez Nvidia.
Le principe d’Optimus est de désactiver la carte graphique puissante lors d’une utilisation en mode bureautique. Lorsqu’une application réclame de la puissance pour calculer des rendus d’images, la carte graphique puissante s’active automatiquement. Résultat, vous disposez d’un ordinateur portable capable d’optimiser sa consommation électrique par ce biais.
Mais voilà, si cela fonctionne bien sous les systèmes d’exploitation de Microsoft car le fabricant Nvidia fournit des pilotes graphiques adaptés, ce n’est pas le cas sous GNU/Linux. Nvidia n’a jamais fait ce travail arguant d’impossibilités techniques liées au moteur gérant l’affichage, en l’occurrence Xorg.
Bref, sans rentrer dans la technique, il a fallu attendre que quelqu’un trouve le “hack” pour avoir un début de solution. Cela près d’un an après la sortie de cette technologie. A ce jour le projet le plus abouti est celui nommé Bumblebee qui fonctionnait parfaitement sur mon ancien ordinateur portable.
Et en plus il recommence
Et oui ancien, cela signifie que je l’ai remplacé… Et bien évidement, je n’ai pas fait mon achat en me contraignant par rapport à ce qui est indiqué sur les wiki des distributions GNU/Linux. En matière d’ordinateur portable, il faut sinon se contenter d’une machine dotée d’une carte graphique “classique” et désormais intégrée au processeur.
Mais voilà, j’ai besoin d’avoir une carte graphique puissante parfois. Moins en ce moment, il est vrai, mais je ne veux pas faire de croix dessus et me brider au nom du fait que je veux aussi utiliser une distribution GNU/Linux. Oui je suis un peu masochiste et têtu à la fois.
Mais qui dit matériel récent, dit aussi angoisse pour le support du reste de la machine :
- du blutetooth qui n’a jamais marché sur le portable précédent et que j’avais compensé par une clé USB bluetooth qui elle marchait, allez comprendre…
- de l’USB 3 pour sauvegarder à toute vitesse;
- du wifi, le son, la webcam intégrée;
- partitions disques chiffrées pour la sécurité.
Premier round Debian Wheezy
L’ancien portable utilisait cette version de Debian, la version dite aussi Testing. J’avais atteint un certain niveau de stabilité avec des logiciels assez frais. Il faut dire que cette version est désormais en cours de débuggage et prend donc le chemin de la version stable.
L’installation se déroule sans trop d’encombres si ce n’est des messages d’avertissement pour me dire que certains matériels ne sont pas supportés et me proposer d’insérer un support pour charger les firmware correspondant. Hé oui, pas de firmwares propriétaires au niveau de l’installation.
Résultat, une machine qui démarre avec un mode texte un peu inhabituel et qui reste bloqué. Je découvre un peu au hasard qu’elle attend le mot de passe permettant de déverrouiller les partitions chiffrées. Sur mon précédent portable, j’avais un message clair à ce sujet. Premier bilan, pas de wifi, pas de bluetooth, première tentative d’installation de Bumblebee et les problèmes commencent.
En ce moment, je suis dans un de ces moments de la vie, où je n’ai pas, mais absolument pas le temps de jouer à construire un système d’exploitation qui marche… Qu’à ce que cela ne tienne, je grave une iso d’Ubuntu 12.10.
Deuxième round, Ubuntu gagne par KO
L’installation se déroule sans encombre, je me vois proposer de chiffrer mon disque, j’accepte, l’installation se termine, je redémarre. Et là, je reste quand même un peu scotché. Cela faisait plusieurs années que j’avais abandonné Ubuntu sur mes postes en tout cas. L’arrivée d’Unity ne m’avait pas incité à y revenir. Mais après l’effort imposé par Gnome 3 sur Fedora puis sur Debian, Unity ne me semble plus si terrible…
Bref, tout fonctionne, wifi, bluetooth, son, webcam, disques chiffrés. Reste l’épreuve Bumblebee qui se résout en 2 minutes par l’ajout d’un dépôt ppa et un reboot. C’est terminé, je restaure mes données, ajoute mes logiciels favoris. En gros deux heures…
Moralité de l’histoire et conclusion toujours provisoire
L’appropriation d’Unity ne m’a pas posé de problème. Le seul reproche que je lui fais c’est que les icônes du launcher (la “barre de tâches” latérale) regroupent forcément les icônes des applications lancées. Si quelqu’un sait corriger cela je suis preneur.
La machine est parfaitement stable après plusieurs jours d’utilisation intensive. J’ai remplacé la version de Thunderbird distribuée dans les dépôts d’Ubuntu par une version ESR pour bénéficier de certaines extensions et de tranquillité pour cet outil “critique” dans mon activité quotidienne.
Bien sûr, tout ceci n’est que mon expérience personnelle et je ne cherche pas à montrer qu’Ubuntu est LA distribution. Peut-être serais-je arrivé au même résultat avec ArchLinux ou encore Magiea. Je n’ai pas essayé…
Je persiste à penser que le modèle Canonical n’est pas le bon pour le logiciel libre et que Debian reste une distribution GNU/Linux de barbus, idéale pour les serveurs.
Quant à Linux Mint, en l’état, elle ne peut remplacer Ubuntu. Autre reproche, le flou dans le statut juridique de cette distribution qui aujourd’hui repose sur un dictateur éclairé certainement plein de bonnes intentions, je n’en doute pas. Mais l’enfer en est souvent pavé dit-on. Cette absence peut parfois provoquer de mauvaises surprises comme en a vécu le projet cynanogeMod et il y a déjà eu des vagues autour du projet et de ses revenus. Ce qui montre qu’a tout moment, le dérapage et la possible “explosion” du projet sont possibles.
J’espère en tout cas que Clément Lefebvre, grand chef du projet ne nous sortira pas une SAS Mint et qu’il saura penser “autrement” pour l’avenir de sa distribution. L’économie social et solidaire, ça existe et ce n’est pas fait que pour aider les pauvres. Mint reste donc pour moi la version communautaire d’Ubuntu. J’aurais probablement pu l’utiliser, mais comme je le disais, Unity ne me fait pas peur alors je préfère rester sur la version “de base”.
Je suis conscient des contradictions de mon choix. Mais je préfère encore cette compromission somme toute relative et emprunte de pragmatisme au choix de passer chez la Pomme. On reste au moins dans le camp de l’open source commercial. Concernant Ubuntu, je persiste et signe dans mon “Je t’aime moi non plus” .
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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 20/11/2012. | Lien direct vers cet article
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