Thruk une alternative à l'interface Web de Nagios

Il était une fois un moteur nagios ...

Si comme moi vous avez été amené a mettre en oeuvre plusieurs nagios, vous avez sûrement dû vous frotter a son interface Web a base de cgi et de fichier plat exporter toutes les 10 secondes.

Ne crachons pas dans la soupe, cette interface reste très bien pour une petite installation.

Malheureusement, avec l'évolution des besoins en supervision, il devient de plus en plus difficile de se contenter de cette interface. En vrac, on va donner les éléments suivants :
  • Interface vieillissante qui (en dehors des nouveaux CSS des dernières version de nagios) n'a plus évolué depuis de nombreuses années ;
  • Nécessité d'héberger les CGI sur la même machine que le moteur nagios ;
  • Overhead d'écriture du fichier status.dat ;
  • Désynchronisation de l'interface avec le moteur nagios (pour lancer un test immédiat - même dans le cas d'un test très court - l'interface vous rend la main tout de suite et vous devez attendre le lancement du test + le temps de rafraîchissement du fichier status.dat) ;
  • Explosion des temps de réponse dans le cas d'une grosse installation ;
  • Dans le cas où vous auriez plusieurs nœuds nagios, vous devez vous connecter sur la bonne interface pour consulter votre serveur.

Origine de Thruk

Thruk est donc un projet qui a démarré sur ce constat afin d'offrir une alternative sans pour autant dérouté complètement les utilisateurs en reprenant - dans les grandes lignes - l'aspect de l'ancienne interface. En réalité, cette interface apporte des améliorations très intéressantes par rapport à l'ancienne interface avec notamment les points suivants :
  • Possibilité de déporter l'interface de consultation sur un serveur distant ;
  • Possibilité de fédérer plusieurs noeuds nagios dans la même interface ;
  • Compatibilité avec n'importe quel moteur du moment que ce dernier supporte Livestatus (Shinken, Icinga, centreon engine, check_mk).

Quelques pré-requis de fonctionnement

L'installation de Livestatus se fait en rajoutant un broker à votre moteur nagios. Pour plus de détail, vous pouvez vous reporter à l'article suivant : setting up and using Livestatus. A noter que check_mk et Shinken viennent nativement avec ce support.

Autre point, dans le cas d'un accès déporter, il sera peut-être nécessaire de mettre en place un outil vous permettant d'exposer votre socket Unix sur le réseau. La documentation officiel fait appel à l'outil Unixcat (qui vient avec nagios). Pour ma part, j'ai préféré utiliser l'outil socat qui m'a donné des connexions plus stable et plus rapide. Ci-dessous un exemple de commande pour lancer socat :

socat TCP-LISTEN:1958,interface=lo,reuseaddr,keepalive,nodelay,fork,crnl \\
      UNIX-CLIENT:/var/lib/nagios3/rw/live,keepalive

Installation de Thruk

Le gros défaut de Thruk est tout de même la ribambelle de plugin perl CPAN qu'il a comme dépendance. Heureusement, l'auteur du plugin propose un package tout prêt pour la plupart des plateformes disponibles (Debian, RedHat, Ubuntu, etc.). Pour se faire, il faut se rendre sur la page de téléchargement du projet, choisir le package qui vous convient et procéder à l'installation du package.

A noter que le produit a tout de même besoin de quelques dépendances au niveau système (plugin fastcgi pour apache notamment). Il faudra donc bien penser à installer ces dernières sous peine d'avoir des erreurs au moment de l'installation du package.

Une fois l'installation terminée, Thruk va créer un fichier htpasswd avec comme administrateur par défaut thrukadmin (mdp thrukadmin). Dans le cas où vous auriez déjà un fichier de mot de passe, bien penser à modifier le fichier /etc/apache2/conf.d/thruk.conf afin de pointer sur le bon. Bien penser également à modifier le fichier /etc/thruk/cgi.cfg dans ce cas là afin de définir les droits adéquates.

Enfin, il vous faudra  modifier le fichier /etc/thruk/thruk_local.conf afin de pointer sur votre noeud de supervision. Ci-dessous un exemple d'interfaçage avec un moteur Shinken :
######################################
# Backend Configuration, enter your backends here
<Component Thruk::Backend>
<peer>
name = Shinken
type = livestatus
<options>
peer = 127.0.0.1:50000
</options>
</peer>
</Component>
Un petit arrêt/relance du serveur apache et nous devrions être en mesure d'utiliser Thruk.

Tour du propriétaire

Connectez-vous sur l'interface Thruk (http://MONSERVEUR/thruk/). On devrait vous demander un mot de passe (thrukadmin/thrukadmin par défaut).

Au premier lancement, vous devriez avoir à attendre quelques secondes (ce comportement est normal puisque apache va devoir instancier les process fastcgi de Thruk à ce moment là). Ce délais d'attente passé, vous devriez arriver sur l'interface de Thruk. Par la suite, les process étant déjà là, vous n'aurez pas ce temps d'attente.

Comme indiqué un peu plus haut, l'interface est quasi la même que celle des CGIs si on exclue la map graphique (mais elle est avantageusement remplacé par une grille qui est plus fonctionnelle).

Du côté des améliorations, on peut noter les points suivants :
  • Champ de recherche plus efficace (utilisation d'ajax pour vous proposer des solutions lors de le champ de recherche avec proposition de choix de hostgroup, nom des services et bien sûr machine) ;
  • Lors du lancement d'un test, l'interface se bloque tant que le moteur nagios n'a pas récupéré le résultat du test (plus besoin de faire de rafraîchissement) ;
  • Intégration des graphiques de PNP ;
  • Présence de lien permettant des exports au format Excel (je sais, je suis pas forcément fan mais c'est quand même pratique).
Globalement, l'interface est plus jolie, plus réactive et vous avez également d'autres raffinements auxquels je ne pense pas forcément (générateur de rapport, gestion de la conf etc.).

Bref, comme dirait l'autre, l'essayer c'est l'adopter !
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Publié par Yannig : 63