Un an d’auto-hébergement : Le Bilan

En mai 2011 le démarrage de mon serveur mettait fin à deux ans de travail, de recherche et  de prises de têtes pour pouvoir m’auto-héberger. Geek depuis l’âge de six ans (j’ai toujours eu un clavier entre les mains aussi loin que je m’en souvienne) j’ai toujours rêvé d’avoir mon propre serveur. 26 ans plus tard j’y suis parvenu.

Cela fait maintenant un peu plus d’un an que mon serveur fonctionne, alors pourquoi ne pas faire un petit bilan? Ce bilan se base principalement sur les questions que je me suis posés lors de ma phase préparatoire et de réalisation. Peut être qu’à travers ce bilan je donnerai envie à d’autre de se lancer ?

Pourquoi m’auto-héberger ?

Le but est simple : retrouver mon indépendance. Comme tout le monde j’utilisais des services externes pour mes mails, fichiers, agenda, contacts etc.

Le problème de ses services c’est qu’ils sont gérés par des sociétés privées, souvent dans des pays étrangers où les lois sur la vie privée ne sont pas les mêmes qu’en France. De plus ses systèmes sont soumis à des conditions d’utilisations plutôt douteuses pour certains. Ses services sont principalement gratuits et par conséquent blindés de publicités non désirées.

 Quels sont mes besoins ?

C’est la première question que je me suis posé. J’ai besoin :

  • de consulter mes mails (webmail et logiciel de messagerie)
  • de pouvoir sauvegarder mes contacts
  • de consulter mon calendrier depuis mon téléphone et pc
  • d’accéder aux documents sur mon NAS

La création du blog est venu bien après, je voulais participer à ma façon au développement des logiciels libres.

Quels moyens mis en place ?

Ce n’est pas un secret l’auto-hébergement à un prix. Financier et humain. Financier avec l’achat d’un ordinateur dédié (il faut compter 300 euros environ), sa consommation électrique, un abonnement internet. Humain, car il faut assurer sa maintenance et passer du temps à installer et configurer son serveur.

En tout premier lieu le choix de mon FAI a été primordial. C’est de lui que dépend entièrement la solution d’auto-hébergement. Dans ce choix je me suis fixé un cahier des charges. Il doit disposer :

  • D’une Ip fixe inclut dans l’abonnement,
  • D’une option pour désactiver le mode routeur, mon installation étant derrière un pare-feu.
  • De la téléphonie IP, même en mode modem.
  • D’un débit sortant raisonnable,
  • D’un prix pas trop élever.

Le choix du matériel et des logiciels est aussi important. J’ai préféré acheter du matériel générique, il est plus facile de trouver des pièces détachées en cas de panne et c’est moins cher que l’achat d’un ordinateur de grandes marques. Lors de l’achat j’ai choisi des composants le moins énergie-vore possible, environnement et consommation électrique oblige.

Pour le système j’ai choisi de virtualiser le tout. Pourquoi la virtualisation ? Parce que c’est une technologie que je connais bien, l’utilisant très souvent. Elle offre une souplesse d’administration remarquable, elle permet de s’affranchir du matériel. En cas panne on peut restaurer une machine en 10 minutes. De plus pour un seul serveur physique on peut héberger beaucoup d’autres serveurs. Cela permet de cloisonner les services et de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier et ainsi d’économiser sur la consommation électrique. Seule ombre au tableau avec ce système, il faut disposer d’une mémoire vive très importante, en fonction du nombre de VM, je suis parti sur huit go de ram extensible à 16.

Quels outils pour la mise en œuvre ?

Libriste, c’est tout naturellement que j’ai choisi GNU/Linux comme système d’exploitation et tous les logiciels utilisés sont libres.

La plate-forme de virtualisation c’est la distribution Proxmox qui a retenu mon attention. Elle dispose d’une interface web très bien réalisée pour gérer toutes ses machines virtuelles. Basé sur la branche stable de Debian elle regroupe tous les outils pour les différents types de virtualisations :

  • La virtualisation noyau (Openvz)
  • La virtualisation pleine (Kvm)

Pour plus de précisions je vous invite à lire cet article : Proxmox, la virtualisation libre.

Pour les mails j’ai choisi iredmail. Un script qui permet d’installer et de configurer automatiquement tous les logiciels pour un serveur de messagerie. J’ai quand même fait quelques réglages manuels, mais dans l’ensemble c’est out of the box.

Et pour le reste de mes données, agenda, contacts, fichiers j’ai choisi owncloud qui n’est plus à présenter.

La supervision de mes VM, de mon hôte, est assuré par Munin. Simple rapide à mettre en place avec la configuration des alertes mails je suis informé directement en cas de dysfonctionnements.

Quel système de sauvegarde et de tolérance au panne ?

Aucun système n’est infaillible, mais prendre quelques précautions ce n’est jamais du temps perdu.

Pour les sauvegardes de mes VM j’utilise le système inclut dans proxmox. J’ai créé un point de montage NFS sur mon Nas pour y regrouper toutes mes sauvegardes qui s’effectuent quotidiennement. Le seul inconvénient avec la sauvegarde proxmox, il ne garde pas les anciennes sauvegardes en archives.

En cas de grosse panne matériel j’ai un serveur de secours, une machine de récupération, qui me sert à restaurer mes VM depuis les sauvegardes de mon nas, le temps de réparer le serveur principal.

En conclusion.

Les résultats obtenus après pratiquement un an d’auto-hébergement sont au-delà de ce que j’avais espéré.Au départ je ne pensais pas pourvoir héberger que mes mails et du stockage de fichiers. C’est en rédigeant cet article que j’ai pris conscience de tout le travail que j’ai accompli depuis trois ans.J’ai réussi à atteindre mon but, ne plus dépendre d’un tiers pour mes données personnelles.

Il me reste encore des choses à faire, notamment en cas de coupure internet, finir la supervision de certains serveurs, gérer automatiquement les mises à jour etc. Malgré certaines contraintes j’encourage vivement tous ceux qui veulent se lancer dans l’auto-hébergement. Certes cela demande quelques compétences, du temps, de l’énergie, et un peu d’argent, mais je l’ai fait avec passion et quand on aime on ne compte pas.

Si vous avez une machine qui traîne dans un placard, lancez vous ! Prenez-le comme un défi !Même si vous n’arrivez pas au bout c’est toujours formateur, y a toujours quelque-choses à apprendre.

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Publié par Olivier Delort : 73