StatusNet, parce qu’il ne suffit pas de faire des logiciels décentralisés pour décentraliser
Il existe des logiciels parfois anciens et qui ont été conçus pour permettre une décentralisation des données et des traitements. Pourtant, on constate que c’est insuffisant pour que dans les faits elle se mette en place.
StatusNet, il était une fois un logiciel de micro-blogging décentralisé
J’ai découvert le site web identi.ca de micro-bloging et son logiciel qui le motorise StatusNet il y a maintenant 2 ans, 8 mois et 16 jours. A l’époque il s’appelait d’ailleurs Laconica, un nom un peu moins parlant que l’actuel. Il reprenait les fonctionnalités d’un Twitter dans un logiciel libre. Mais surtout il intégrait dans ses objectifs la possibilité de fonctionner de façon décentralisée.
Un objectif qui prit concrètement forme avec la version 0.9 du logiciel sortie en mars 2010. Elle inclut notamment le support du nouveau standard OStatus, basé sur PubSubHubbub, Salmon, Webfinger, et Activity Streams. Un petit rappel dans cet article du rôle de ses protocoles dans Ostatus.
C’est cette version qui me poussa à franchir le pas et à décentraliser “pour de vrai” en installant ma propre instance. Une expérience qui ne fut pas sans douleur et montra quelques limites du système qui à ce jour doivent d’ailleurs encore exister.
On peut décentraliser, mais le veut-on ?
Dans les faits, peu ont franchi l’étape qui consistait à quitter identi.ca pour installer leur propre instance. A cela plusieurs raisons :
- Il fallait disposer d’un hébergement pour installer le logiciel et donc des compétences techniques (pourtant dans la communauté du logiciel libre ce n’est pas ce qui manque)
- Pas d’offres clé en main visibles sauf celle de StatusNet (la société) mais qui ne connut pas un grand succès et fut arrêtée jusqu’à nouvel ordre… Pourtant, un français s’était lancé sur le créneau proposant même de reverser une petite partie de ses revenus à Framasoft. Hélas il ne fut pas trop aidé…
Il y a bien quelques “gros institutionnels” comme Mozilla qui ont déployé leur instance et la liste fournie sur le Wiki de StatusNet n’est pas vide, mais cela me semble loin de ce qu’il aurait été possible de faire.
Quant à toucher le grand public, on est très loin du compte. Je me souviens de l’époque où l’initiative pour un #bigswitch pour faire basculer les utilisateurs de Twitter sur identi.ca avait été lancée pour de bien maigres résultats.
Je suis tout aussi à blâmer que d’autres, je me contente d’utiliser un protocole comme XMPP en utilisant les serveurs de Jabber.org au lieu d’installer mon propre serveur. Les freins sont les mêmes que pour Statusnet bien qu’il semble exister dans le cas présent des solutions simples à mettre en oeuvre. Mais pour être honnête pour l’instant je ne veux pas prendre ce temps aussi minime soit-il…
Des solutions “In the box”
Il me semble que la réponse à ce problème passera par des solutions toutes faites. Une boîte que je branche sur une prise électrique d’un côté et sur ma box ADSL de l’autre. Une simplicité que je réclame même si je suis conscient que trop de facilité tue notre capacité à apprendre et créer…
Il y a des projets dans ce sens, la FreedomBox d’Eben Moglen. D’ailleurs dans l’interview de James Vasile que l’on voit sur le site de la fondation qui soutient le projet, il cite notamment StatusNet comme pouvant être hébergé sur la FreedomBox.
Plus proche de nous il y a encore l’équipe de BeedBox qui continue de travailler sur sa solution d’auto-hébergement. Je passe aussi sur les solutions plus ou moins ouvertes que l’on trouve déjà sur le marché du SheevaPlug au TonidoPlug et j’en oublie sûrement.
Mais force est de constater qu’aucune solution n’a à ce jour percé. Il manque probablement encore “la bonne raison” (elle ne manque pourtant pas) qui donnera envie à la grande majorité de mettre en oeuvre ce type de dispositif.
A moins que la décentralisation totale ne soit qu’une illusion de Geek et nous continuerons de vivre dans un mixte de décentralisation et d’inévitables silos à données. Concernant identi.ca pour l’instant StatusNet ne fait rien des données. Mais c’est une entreprise et qui sait demain ce qu’un changement d’actionnariat peut provoquer… Mais au moins aurons-nous une porte de sortie.
Illustration de l’ami pydubreucq en provenance d’OpenClipart
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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 12/10/2011. | Lien direct vers cet article
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